Cette demande n’est pas nouvelle. Elle avait déjà été formulée par Ehoud Olmert avant que ce dernier y renonce en raison de la forte opposition des Palestiniens. Ceux-ci estiment qu’ils n’ont pas à se plier à cette condition pour trois raisons. Tout d’abord parce que l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) a déjà reconnu l’Etat d’Israël en 1993. Ensuite parce que 1,5 million de Palestiniens vivent en Israël et sont citoyens de cet Etat. Enfin, parce que cela signifierait une renonciation du droit au retour des réfugiés. Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne, a immédiatement protesté estimant "qu’il s’agit d’un obstacle sur la voie de la paix et de la création de deux Etats".
En effet, M. Nétanyahou a toujours refusé de se prononcer en faveur de la solution de deux Etats. Pendant la campagne électorale, il a insisté sur la nécessité d’une "paix économique" préalable à une "paix politique". Sa conception d’un Etat palestinien est celle d’un Etat croupion, sans véritable souveraineté ; "une série de cantons déconnectés les uns des autres avec une autonomie limitée", comme l’a affirmé Saëb Erakat, responsable palestinien des négociations.
Or, le président américain a, de façon catégorique, annoncé lors de son voyage en Turquie, début avril, que l’"objectif" qu’il poursuivait "activement" est celui de deux Etats. "C’est la meilleure et la seule solution pour résoudre ce conflit", a martelé M. Mitchell, précisant que "M. Obama a la ferme intention de faire de la paix globale au Proche-Orient une priorité absolue".
M. Mitchell, qui se rend en Israël pour la troisième fois depuis sa nomination, est venu tester la volonté du nouveau gouvernement israélien sur des pourparlers de paix. Il a rencontré Avigdor Lieberman, ministre des affaires étrangères, qui, dès sa prise de fonction, a fait valoir que depuis les accords d’Oslo, en 1993, "les propositions de concessions faites par six premiers ministres (israéliens) ont abouti à la seconde guerre du Liban en 2006 et à la guerre à Gaza".
M. Lieberman plaide pour "une nouvelle approche" : "J’attends des autres (la communauté internationale) qu’ils donnent du temps à Israël pour mettre au point un programme politique responsable et qu’ils n’aient pas un chronomètre en main." Plusieurs voix se sont élevées au sein du gouvernement pour s’opposer aux vues de Washington. "Israël ne prend pas ses ordres auprès du président Obama", a lancé Gilad Erdan, ministre de l’environnement. "M. Mitchell sait que contraindre la région à un dialogue virtuel peut avoir des résultats inverses" à ceux espérés, a dit Elie Yishaï, ministre de l’intérieur.
Pour le moment, il ne s’agit que de passes d’armes à fleurets mouchetés. "Nul doute que l’on va vers une confrontation. La question est de savoir si Washington utilisera le gant de velours ou la main de fer", estime Akiva Eldar, commentateur du quotidien Haaretz. Aucune rencontre n’a encore été fixée entre MM. Obama et Nétanyahou.
George Mitchell devait rencontrer, vendredi, les dirigeants palestiniens à Ramallah, qui ont raidi leurs positions face au nouveau gouvernement israélien. "Les Israéliens ne sont pas prêts pour une vraie paix", a estimé Marwan Barghouti, figure du Fatah condamné à la prison à vie en Israël, dans un entretien accordé, mercredi, à plusieurs journaux palestiniens.