« Belle vue, d’ici », a dit Mme Pelosi depuis le siège de cheikh Saleh ben Houmaid, un dignitaire religieux qui dirige le Majlis al-Choura, un conseil consultatif de 150 membres désignés. Portant un ensemble vert pistache dans un pays où seules les dignitaires étrangères de marque sont exemptées du port de la abaya, une longue robe noire que les femmes sont tenues de porter, Mme Pelosi s’est promenée dans les locaux du Majlis et s’est réunie pendant une heure avec une douzaine de ses membres. « Je suis très contente qu’après plus de 200 ans aux États-Unis, nous avons enfin une présidente de la Chambre des représentants. Cela nous a pris beaucoup de temps », a répondu Mme Pelosi, invitée à exprimer ses sentiments en occupant une place dont les Saoudiennes sont exclues.
Mme Pelosi a porté sa main sur sa poitrine lorsque cheikh Ben Houmaid l’a accueillie à son arrivée. Tradition oblige dans ce pays ultraconservateur qui applique une version austère et rigide de l’islam, elle n’a pas non plus serré la main aux autres membres du Conseil. « La réforme ne signifie pas brûler les étapes », a souligné Abderrahman al-Zamil, qui dirige le Comité pour l’amitié américano-saoudienne, pour justifier la lenteur du processus de réformes dans le royaume qui n’a organisé qu’un seul scrutin municipal partiel, interdit aux femmes.
La visite de Mme Pelosi en Arabie est la dernière étape d’une tournée au Moyen-Orient qui a suscité une forte controverse aux États-Unis en raison de l’étape syrienne et de sa rencontre avec le président Bachar el-Assad, que la Maison-Blanche s’efforce d’isoler. Arrivée mercredi à Ryad, Mme Pelosi a rencontré dans la soirée le roi Abdallah, une semaine exactement après qu’il eut dénoncé devant le sommet arabe, sans mentionner les États-Unis, « l’occupation étrangère illégitime » de l’Irak. Venant d’un leader considéré comme un allié-clé de Washington, ces propos avaient provoqué surprise et mécontentement au sein de l’Administration américaine, qui a annoncé qu’elle comptait demander des « éclaircissements » au royaume.
« Nous n’avons pas eu cette discussion », s’est bornée à dire Mme Pelosi à qui on demandait si l’Irak avait été évoqué à la lumière des propos du roi.
« Nos discussions avec Sa Majesté ont été axées sur son initiative, l’initiative saoudienne de paix au Proche-Orient, a déclaré Mme Pelosi aux journalistes, ajoutant que beaucoup de négociations doivent suivre, mais nous l’avons loué pour son leadership sur cette question. »
Lors de leur sommet de Ryad, les 28 et 29 mars, les leaders arabes avaient relancé une initiative de paix avec Israël d’inspiration saoudienne, adoptée cinq ans plus tôt à Beyrouth, mais qui était restée sans suite. La relance de cette offre s’est faite à l’instigation de l’Arabie saoudite, dont le régime sunnite est de plus en plus inquiet par la détérioration de la situation en Irak et les ambitions croissantes du régime chiite iranien. « Tout l’éventail des développements au niveau régional et international, surtout ceux concernant le problème palestinien et la situation en Irak, a été abordé » au cours de l’entretien de Mme Pelosi avec le roi, selon l’agence saoudienne SPA. [1]