« J’ai eu peur », a déclaré Hélène Flautre en préambule de son intervention. « Peu après être rentré dans la Bande de Gaza, une bombe est tombée pas très loin de nous, pendant la trêve quotidienne. Ça vous scotche ! »
La députée européenne est visiblement affectée même si elle reconnaît n’avoir « pas vu grand chose ». Assez cependant « pour qu’il ne soit plus nécessaire de parler de "présomption" de crimes de guerre. C’est le seul conflit au monde où on bombarde une population qui ne peut pas fuir. »
Malgré plusieurs « messages d’intimidation » envoyés par l’armée israélienne, le groupe d’observateurs internationaux s’est rendu dans un abri, en fait une école pour garçons abritant 1215 personnes. « Les adultes étaient affligés, endeuillés, effondrés mais les gamins pétaient la vie. Ça donne envie de faire l’impossible, ils n’ont pas désespéré de la vie. » Parmi ces enfants, une petite fille qui a reçu trois balles dans le dos. Elle restera handicapée.
« Ce n’est pas un dérapage, les civils ont fait l’objet d’attaques répétées, estime Mme Flautre. Il y avait une volonté de destruction. On a croisé des quartiers complètement effondrés. Les bornes ont été clairement dépassées. Israël bénéficie d’une impunité odieuse depuis trop d’années. Il y a deux poids deux mesures. Il ne faut pas que ces crimes restent impunis, il faut que des gens soient inculpés sinon le cercle vicieux du non-droit continuera. »
Là où la députée européenne dénonce des « crimes de guerre » et « un mépris des droits de l’Homme », une partie du public présent jeudi voit « un génocide », « un crime contre l’humanité ». Malgré l’amertume des intervenants, à aucun moment l’amalgame n’a été fait entre l’État israélien et le Peuple juif. Mme Flautre a d’ailleurs condamné les tirs de roquettes vers Israël et prôné la non-violence.
Le boycott comme moyen d’action « Quels sont nos leviers d’action pour que tout cela s’arrête ? » La question a été posée plusieurs fois à la députée européenne. « L’Europe pourrait décider de ne plus acheter des produits israéliens, propose-t-elle. Israël est très dépendant des échanges économiques. C’est du ressort du Conseil de l’Europe mais on ne l’utilise pas car il n’y a pas de volonté politique. »
Et la députée de mettre à l’amende la bienveillance du Président français et de son ministre des affaires étrangères à l’égard de l’État d’Israël. « On pourrait organiser nous-même un boycotte », propose une dame. Plusieurs associations oeuvrent déjà en ce sens. En guise de conclusion Hélène Flautre a formulé une proposition à contre courant : accueillir en France des enfants israéliens. « Si Gaza est une prison à ciel ouvert, Israël est un hôpital psychiatrique à ciel ouvert. Il y existe une acceptation scandaleuse du bafouage des droits de l’Homme. Il faut redonner à ces jeunes des principes fondamentaux. »