« Il faut enlever le président iranien qui tient les mêmes propos qu’Hitler sur la nécessité d’exterminer le peuple d’Israël pour le traduire devant la Cour (pénale) internationale de La Haye », a affirmé Rafi Eitan à la radio militaire. « Je pense que le Mossad (les services de renseignements israéliens) a la capacité de le faire, mais ce n’est pas seulement notre affaire, cela concerne le monde entier », a ajouté le ministre. « Sur l’aspect opérationnel d’une telle opération, je n’ai pas de conseil à donner, je laisse cela aux plus jeunes », a poursuivi Rafi Eitan, 81 ans.
Chef des opérations du Mossad qu’il a rallié dans les années 50, l’agent secret Rafi Eitan avait organisé et participé en mai 1960 à l’audacieuse capture d’Adolf Eichman, à Buenos Aires. Eichman, l’un des principaux exécutants de la « solution finale », le génocide des juifs perpétré par les nazis durant la Seconde Guerre mondiale, a été ensuite ramené clandestinement en Israël où il a été jugé, puis condamné à mort et pendu.
Le président israélien Shimon Peres a, pour sa part, estimé hier que le dossier du nucléaire iranien serait « traité à fond » par la communauté internationale après la résolution de la crise géorgienne « sans doute d’ici à un mois ou deux ». Shimon Peres a également réaffirmé qu’il ne fallait « pas donner l’impression que la menace iranienne constituait un problème uniquement pour Israël ».
Par ailleurs, le Premier ministre israélien doit réunir aujourd’hui les principaux membres de son gouvernement pour parler du programme nucléaire iranien, a-t-on appris hier de source israélienne autorisée. La ministre des Affaires étrangères, Tzipi Livni, et son collègue de la Défense, Ehud Barak, devraient figurer parmi les participants.
Netanyahu menace
Le chef du Likoud, le principal parti d’opposition de droite, Benjamin Netanyahu, a pour sa part prévenu à la radio que s’il revenait au pouvoir, il mènerait « une politique beaucoup plus agressive et efficace contre le terrorisme et l’Iran ». Selon les sondages, M. Netanyahu est le candidat le mieux placé pour devenir Premier ministre si des élections anticipées avaient lieu au début de l’an prochain, à la suite de la démission annoncée de M. Olmert impliqué dans des affaires de corruption.
L’ancien ministre des Affaires étrangères, Sylvan Shalom, lui aussi du Likoud, a affirmé qu’Israël devait se préparer à se « retrouver seul face à la menace iranienne » en utilisant l’exemple de la Géorgie. « Le monde n’a pas bougé face à l’agressivité de la Russie », a-t-il souligné.
L’ancien vice-ministre de la Défense Ephraïm Sneh, qui mène une campagne en faveur d’une attaque israélienne contre les installations nucléaires iraniennes, a lui aussi critiqué la communauté internationale. « Le monde papote et pendant ce temps, l’Iran se rapproche chaque jour de la bombe atomique », a affirmé cet ancien général qui a fondé un nouveau parti nommé « Israël fort ». « Nous allons perdre encore six mois avec les élections américaines », a-t-il poursuivi. Il a estimé que les Israéliens ne « devaient se fier qu’à eux-mêmes », faisant allusion à la destruction par l’aviation israélienne de la centrale nucléaire irakienne d’Osirak en 1981.
Selon un sondage publié mardi, 56 % des Israéliens soutiennent l’idée de bombarder l’Iran au cas où les mesures de la communauté internationale ne parviendraient pas à empêcher Téhéran de développer des armes nucléaires, 32 % y étant opposés (le reste est sans opinion). Le président Peres s’était déclaré dimanche opposé à une option militaire contre l’Iran.