Le journaliste Gideon Levy considère que le gouvernement israélien de Benjamin Netanyahu a suscité l’enlèvement des trois colons, à cause de son intransigeance dans tout ce qui concerne sa politique envers les Palestiniens.
Dans son article hebdomadaire dans "Haaretz", aujourd’hui dimanche, Gideon Levy écrit que "peu importe ce qui arrive, si les captifs sortent sains et saufs ou non, et si le responsable de cet enlèvement appartient au jihad mondial, ou local, on ne peut ignorer le contexte de cette opération qui a peut-être pris de court et de façon humiliante les services de renseignement israéliens très performants, mais elle ne peut surprendre personne".
Il a souligné que "celui qui refuse obstinément de libérer des prisonniers palestiniens, dont certains sont en prison depuis des décennies et bien avant la signature des Accords d’Oslo et qu’Israël s’était engagé à libérer, celui qui emprisonne des détenus pendant des années sans procès et celui qui ignore la grève de la faim menée par des détenus administratifs dont certains sont en train de mourir dans les hôpitaux et qui projette de les gaver par force et ceux qui essayent d’instaurer des lois absurdes contre leur libération - ne peuvent pas aujourd’hui faire semblant d’être surpris et secoués par cet enlèvement. Ce sont eux qui l’ont provoqué ".
Gideon Levy a cité l’arrogance de l’apartheid israélien envers les Palestiniens, il a écrit " Israël a libéré chacun de ses fils, et ignoré de façon arrogante tout au long de ces années la peur et la préoccupation de la société palestinienne sur le sort de ses prisonniers.
La préoccupation sur les enfants du pays est enregistrée comme invention israélienne exclusive, comme la glorification des héros de la lutte nationale aussi, Meir Har-Zion qui a effectué des représailles meurtrières contre des Palestiniens est considéré comme un héros national, tandis que Ahmad Saadat est un salaud de tueur mais Gilad Shalit est l’un des nôtres simplement alors que le prisonnier Walid Dekka croupit dans une prison israélienne depuis 30 ans, avec interdiction de visite depuis, tous simplement à cause de son appartenance à une organisation qui a tué un soldat, ça ne regarde personne ici et les milliers de prisonniers palestiniens ça ne regarde personne.
Au cours de la semaine dernière, une mère au foyer a suscité la préoccupation du membre de la Knesset et candidat à la présidence d’Israël Meir Sheetrit et de l’opinion publique israélienne beaucoup plus que la souffrance des 125 prisonniers en grève de la faim, qui endurent la faim depuis 53 jours.
Parmi les milliers de prisonniers palestiniens se trouvent quelques tueurs, mais la plupart sont des prisonniers politiques qui sont considérés comme des héros de la lutte nationale palestinienne et c’est le cas dans n’importe quelle lutte nationale et derrière eux se dresse toute une société, inquiète sur leur sort, inquiétude qui n’est pas moindre que celle des Israéliens sur le sort des siens ".
Levy ajoute "après avoir causé la mort du processus politique, Israël a verrouillé les portes de ses prisons, et le message israélien en direction des palestiniens est limpide : à partir de maintenant il est possible de libérer les vôtres avec uniquement des opérations violentes et les leçons ont été tirées jeudi dernier mais cette opération d’enlèvement a un contexte plus large que la libération des prisonniers".
Et Levy voit " qu’on a fait tomber le rideau sur le processus politique, et sur le dernier espoir palestinien d’une libération nationale par un processus politique. La vie en Israël et dans les colonies est revenue à la normale, une vie de liberté et de prospérité, et des talk-shows de divertissement. Les choses ne vont pas ainsi pour les Palestiniens : ils n’ont rien de tout cela, et tout report de la solution est pour eux de continuer de vivre dans la souffrance, l’humiliation et les abus. Celui qui croit qu’ils vont rester assis tranquillement dans l’attente du bien vouloir d’Israël de décider de changer son goût ou son gouvernement, est un rêveur qui fait fausse route. Celui qui pense que les colons vont continuer à vivre en sécurité dans les territoires c’est la déception qui l’attend. L’opération d’enlèvement n’est seulement qu’une sonnette d’alarme de ce qui pourrait se produire, oui, la seule issue ouverte aux Palestiniens pour rappeler aux Israéliens leur existence et leur cause, est la lutte violente, après avoir épuisé toutes les autres méthodes. Si Gaza n’a pas fait usage de tirs de roquettes Al-Qassam elle n’existerait plus, et si l’enlèvement des étudiants de l’institut religieux juifs en Cisjordanie n’avait pas eu lieu, la Cisjordanie aurait disparu de la conscience israélienne".
Gideon Levy a conclu que " l’enlèvement ou le meurtre a pour but de briser l’arrogance israélienne Insoutenable c’est pour cela que ce n’est donc pas une surprise. Cette arrogance a enregistré ces derniers mois des records qui ne peuvent être acceptés… Faites attention aux trivialités qui occupent les Israéliens, ce rappel qui est tombé maintenant sur nos têtes est juste un début de ce qui est attendu si nous continuons à vivre entre le trésor de Fouad, Binyamin Ben-Eliezer membre de la Knesset et le baiser dans l’émission des « Big Brother » parce que c’est la nature de la provocation de l’occupation : ça nous poursuivra, même si on plonge encore plus profond nos têtes dans le sable ".
Traduit pour l’AFPS par Moncef CHAHED