Une jeune femme et sa fille ont été tuées dans un raid aérien israélien tôt dimanche 11 octobre à Gaza, selon des sources palestiniennes, au lendemain d’une nouvelle journée de violences qui font craindre une troisième intifada.
Nur Hassan, 30 ans, et sa petite fille ont été tuées dans un bombardement qui a détruit leur maison dans le nord de la bande de Gaza. Trois autres personnes étaient toujours coincées sous les décombres de la maison dimanche matin. L’armée israélienne avait indiqué auparavant que le raid de son aviation avait visé « deux ateliers de fabrication d’armes du Hamas », en riposte à deux tirs de roquette samedi depuis Gaza.
La police israélienne a peu après affirmé avoir déjoué un attentat-suicide, cette fois en Cisjordanie, le premier depuis le début de cette nouvelle vague de violences. Un véhicule « suspect » a été arrêté par la police près de la colonie israélienne de Maalé Adoumim. Sa conductrice en est sortie et lorsqu’un policier s’est approché d’elle, elle aurait crié « Dieu est grand » en arabe avant de faire exploser une bombe. La conductrice a été grièvement blessée.
Netanyahou et Abbas se rejettent la responsabilité des violences
Samedi, le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou et le président palestinien Mahmoud Abbas se sont rejeté la responsabilité des violences lors d’entretiens téléphoniques avec le secrétaire d’Etat américain John Kerry qui leur a dit sa « profonde inquiétude ». M. Netanyahou a dit à son interlocuteur américain qu’il attendait de l’Autorité palestinienne qu’elle arrête « son incitation féroce, basée sur des mensonges, qui a provoqué l’actuelle vague de terrorisme ». Et M. Abbas a réitéré la nécessité pour le gouvernement israélien de cesser de « couvrir les provocations des colons, menées sous la protection de l’armée ».
Déclenchées le 1er octobre avec une attaque qui a coûté la vie à deux colons israéliens en Cisjordanie occupée, ces violences ont réveillé le spectre d’une troisième intifada après les soulèvements populaires palestiniens contre l’occupation israélienne de 1987 et 2000.
Les violences ont fait deux morts palestiniens de plus samedi à la frontière entre Israël et la bande de Gaza tandis que la présence de milliers de personnes lors de funérailles montrait que la colère n’était pas près de retomber.
A Jérusalem-Est, deux Palestiniens de 16 et 19 ans ont par ailleurs été abattus par les policiers israéliens près de la vieille ville, après avoir, dans deux nouvelles attaques, blessé au couteau deux juifs ultra-orthodoxes ainsi que deux policiers israéliens.
Neuf Palestiniens tués depuis vendredi à Gaza
Pour la deuxième journée consécutive, des centaines de Palestiniens ont défié les soldats israéliens postés de l’autre côté de la barrière séparant Gaza d’Israël. En plus d’exprimer leur solidarité avec la Cisjordanie et Jérusalem-Est occupées, les Gazaouis cherchaient aussi à donner libre cours à leur propre hargne causée par trois guerres en six ans avec Israël et une réclusion presque totale.
Durant les heurts, deux adolescents ont été tués près de la frontière. D’autres heurts ont eu lieu près du passage d’Erez à la frontière nord de Gaza, où « des dizaines de suspects ont franchi la barrière. Cinq ont été arrêtés », selon l’armée israélienne.
La violence a gagné Gaza vendredi avec la mort de sept Palestiniens atteints par des tirs israéliens le long de la barrière qui, avec la frontière égyptienne, enferme le territoire. Il y a eu près de 150 blessés. Il s’agissait de l’événement le plus meurtrier entre Palestiniens de Gaza et Israël depuis la guerre de l’été 2014.
La mort samedi de deux Palestiniens supplémentaires pose plus que jamais la question de la réaction de l’enclave, du mouvement islamiste Hamas qui la gouverne et des autres organisations combattantes qui s’y trouvent.
Heurts et Cisjordanie et à Jérusalem
La Cisjordanie et Jérusalem-Est ont continué à être secouées par les heurts qui ont suivi les funérailles houleuses de trois Palestiniens. A Jérusalem-Est, des centaines d’hommes en colère ont accompagné le cercueil d’un Palestinien de 22 ans tué par des tirs israéliens lors d’une nouvelle bataille rangée la veille dans le camp de réfugiés de Chouafat, irréductible bastion palestinien. Des heurts y ont ensuite opposé Palestiniens et policiers israéliens.
Des foules de milliers de personnes ont porté à bout de bras à Hébron et Yatta, en Cisjordanie, les corps de deux jeunes abattus après des attaques à l’arme blanche contre des Israéliens. A Hébron, un Palestinien a succombé à ses blessures reçues jeudi lors de heurts avec les soldats israéliens, selon une source médicale.
Depuis le 1er octobre, vingt et un Palestiniens ont été tués, dont sept auteurs présumés d’attaques à l’arme blanche, ainsi que quatre Israéliens. Israël a arrêté 400 Palestiniens, dont la moitié âgés de 14 à 20 ans, selon le Club des prisonniers palestinien.