Dans la bande de Gaza, soumise à la férule du Hamas, des manifestations encouragées, voire organisées par les autorités ont salué la chute des dictateurs et l’espoir d’un retour dans le jeu politique des islamistes. En Cisjordanie, où le contrôle est partagé entre l’armée israélienne et le Fatah, le régime de Mahmoud Abbas s’est montré solidaire jusqu’au bout de Ben Ali, qui avait accueilli en Tunisie la direction de l’OLP entre 1982 et 1994, puis de Moubarak, partenaire actif des négociations israélo-palestiniennes.
Le gouvernement de Ramallah qui avait interdit toute manifestation de solidarité avec les révoltes du Caire et de Tunis, a fait volte face après la chute des deux dictateurs, et apporté son « soutien au peuple égyptien dans sa détermination à consolider la démocratie ». Dans la foulée, l’Autorité palestinienne a annoncé la tenue en juillet des élections municipales et, en septembre, des législatives et de la présidentielle. De ces scrutins, Mahmoud Abbas – dont le mandat présidentiel a expiré en janvier 2009 – attend une nouvelle légitimité et un appui populaire clair à la stratégie de construction des institutions et de développement de l’économie conduite par son premier ministre, Salam Fayyad.
Mais ce dernier, qui a salué « l’aspiration à la démocratie » des Tunisiens et des Egyptiens, va se heurter à un obstacle de taille. En raison de l’occupation israélienne, ces scrutins ne pourront pas se dérouler à Jérusalem-est. Et en raison du refus du Hamas qui les juge « illégitimes » – et dangereux pour lui – ils ne pourront pas non plus être organisés dans la bande de Gaza. Affaiblie par l’arrêt des négociations de paix et la poursuite de la colonisation, l’Autorité palestinienne pourra-t-elle fonder une légitimité démocratique sur des élections tenues dans la seule Cisjordanie ?