Une trêve de 72 heures a démarré dans la bande de Gaza, ce mardi à 8h00, heure locale (5h00 TU). Trois jours de répit pour la population palestinienne, sous le feu des bombardements depuis 29 jours. Les précédentes tentatives de trêves ont toutes échoué. Mais ce cessez-le-feu semble différent : l’armée israélienne a en effet annoncé son retrait total de la bande de Gaza.
Cet article est réactualisé régulièrement
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A la mi-journée, le cessez-le-feu semble tenir et la situation est calme, mais les stigmates de la guerre sont bien présents, rapporte notre envoyée spéciale Murielle Paradon, lors de son arrivée à Gaza : bâtiments effondrés, routes cabossées, immenses trous ici et là, causés par les bombardements, et une odeur de brûlé qui indique que les dernières frappes de l’armée israélienne ne sont pas loin.
Mais la vie a repris dans la ville de Gaza. Les voitures circulent à nouveau, les commerçants sont dehors, les habitants font leurs courses et discutent… Autant de choses inenvisageables il y a encore quelques heures. Beaucoup de familles d’ailleurs rejoignent leurs maisons qu’ils avaient abandonnées à cause des bombardements. On voit des voitures ou des charrettes tirées par des ânes, remplies de matelas, avec les enfants dessus.
Une trêve de 72 h
La trêve a débuté à 8h00, heure locale (5h00, TU). Le cessez-le-feu de 72 heures entre Israël et le Hamas qui démarre a été négocié au Caire, en Égypte. Un porte-parole de l’armée israélienne a annoncé quelques minutes auparavant que les troupes se retireraient de Gaza, ce mardi matin. « Les forces de défense d’Israël seront redéployées sur des positions défensives à l’extérieur de la bande de Gaza et nous maintiendrons ces positions défensives », a précisé le porte-parole militaire israélien. Peu après le début du cessez-le-feu, à 10h30, heure locale (7h30 TU), le général israélien Moti Almoz a affirmé sur la radio militaire que « toutes » les forces militaires israéliennes « sont sorties de Gaza ».
A Gaza, les Palestiniens sceptiques
Autour de Gaza-Ville, on entendait encore des explosions, un peu avant 8h00, heure locale. Cinq minutes avant le début du couvre-feu, une roquette a été tirée depuis le secteur où se trouvent les journalistes, mais c’est maintenant le calme, rapportait l’envoyé spécial de Radio France dans la bande de Gaza, Etienne Monin.
Les Palestiniens, comme à chaque fois, se montrent sceptiques. Lors de la dernière trêve de 72 heures, ils ont été choqués par la mort d’une fillette de 8 ans dans un bombardement, lundi, pendant la trêve unilatérale. Mais cette nouvelle trêve comporte un aspect majeur : contrairement à celle de vendredi, elle se fait dans un contexte de retrait des troupes au sol. Vendredi, les soldats israéliens étaient restés campés sur leurs positions, dans les décombres des villes, au contact des combattants du Hamas. Aujourd’hui, selon l’armée israélienne, les troupes vont se repositionner à l’extérieur de la bande de Gaza, de manière défensive.
Il y a donc les ingrédients d’une réussite, cette fois, pour un début de discussion. Cela devient nécessaire. Les dégâts à Gaza sont considérables. Le bilan des morts exponentiel. La zone sud de la bande de Gaza, à Rafah, est dans une situation médicale catastrophique. Mais si les discussions démarrent en Egypte, les Palestiniens vont devoir obtenir des éléments concrets notamment en terme de blocus, sinon, les ferments de la guerre seront toujours en place.
En Israël, pas d’unanimité gouvernementale sur la trêve
La trêve est également accueillie en Israël avec une bonne dose de scepticisme, rapporte le correspondant de RFI à Jérusalem, Michel Paul. La nuit de lundi à mardi a été relativement calme, jusqu’en début de matinée. Juste avant le début du cessez-le-feu, plusieurs salves ont en effet été tirées depuis Gaza sur le centre du pays et sur la région de Jérusalem.
Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, a informé mardi par téléphone les membres de son cabinet de sécurité de son intention d’accepter la proposition égyptienne. Deux ministres se sont opposés à la trêve : le ministre des Affaires étrangères, Avigdor Liebermann, et Neftali Bennett, ministre de l’Economie et chef du parti nationaliste, qui a notamment déclaré qu’Israël est « en train de passer de Dôme de fer à Poigne de fer ».
En Israël, on dit aussi que si le calme est effectivement respecté, il n’y aura plus besoin de présence israélienne à l’intérieur de la bande de Gaza. Les dernières troupes israéliennes viennent de se retirer de Gaza pour se redéployer le long de la frontière, a ainsi annoncé le porte-parole de l’armée israélienne. On signale des mouvements de tanks qui quittent le sud d’Israël pour rejoindre leur base dans le nord du pays.
Israël et le Hamas sont d’accord pour mettre fin aux combats, mais il reste de nombreux poins à régler avant la fin définitive du conflit. Les négociations doivent reprendre ce mardi au Caire. Dans les heures qui viennent, si la trêve est respectée, une délégation israélienne devrait se rendre au Caire pour des négociations sur un accord de sortie de crise. A Jérusalem, le correspondant de RFI rapporte que l’on souligne qu’une proposition égyptienne similaire avait été acceptée par Israël, il y a trois semaines, et que le Hamas l’avait rejetée.
Bilan humain provisoire de l’opération « Bordure protectrice »
En 29 jours de conflits et de bombardements, l’opération Bordure Protectrice aura fait côté palestinien plus de 1850 tués et près de 10 000 blessés. Selon l’Onu, les deux tiers des victimes sont des civils, dont un grand nombre de femmes et d’enfants. Un chiffre contesté par les autorités israéliennes qui ne reconnaissent donc qu’un tiers de victimes civiles.
Côté israélien, les combats auront provoqué la mort de 64 soldats, un bilan lourd pour l’armée israélienne depuis la guerre de 2006 contre le Hezbollah libanais. Israël déplore par ailleurs le décès de trois civils tués dans les tirs de roquettes palestiniens.
Pour ce qui est du bilan militaire de l’opération, Israël affirme avoir détruit 32 tunnels et anéanti une bonne partie des infrastructures du Hamas. Mais les autorités israéliennes reconnaissent cependant que le mouvement palestien a conservé une partie de son arsenal.
Enfin les destructions matérielles provoquées par l’opération israélienne sont considérables. Selon l’Onu plus de 10 000 logements auraient été détruits et la situation humanitaire reste critique pour l’ensemble de la population de Gaza. Elle est particulièrement préoccupante pour les déplacés qui seraient près d’un demi-million selon l’Onu.