L’Autorité palestinienne a décidé inopinément que cette réforme doit entrer en vigueur le 1er novembre car il y a urgence pour l’institution palestinienne qui est dans une mauvaise passe financière. Les Palestiniens sont parmi les plus importants bénéficiaires des aides internationales dans le monde. Mais depuis quelques années ces aides baissent inexorablement. C’est aussi la question des retraites des travailleurs palestiniens en Israël qui pousse l’Autorité palestinienne à faire du zèle.
Depuis 25 ans, ces cotisations sont censées être transférées par l’Etat hébreu à un fonds palestinien dédié… mais inexistant. On parle de centaines de millions de dollars de manque à gagner. D’où la création in extremis d’une caisse de retraite par le biais de cette réforme contestée.
Les Palestiniens ne font pas confiance à leurs dirigeants
Les Palestiniens de Cisjordanie, qui jusqu’ici ne bénéficiaient pas de véritable système de retraite, s’opposent à cette réforme digne d’un Etat providence car ils considèrent que c’est injuste pour les 360 000 salariés du secteur privé en Cisjordanie. Cette réforme, selon eux, impose une cotisation salariale obligatoire mensuelle de 7%. Un taux trop important jugent-ils alors qu’auparavant seul l’employeur cotisait. Et la réforme prévoit que les pensions seront reversées à l’âge de 60 ans, mais pas avant.
C’est là que le bât blesse selon les Palestiniens qui n’accordent aucune confiance à leurs dirigeants et ne veulent pas donner leur argent à cette caisse de retraite. L’avenir est trop incertain, disent-ils, et qui sait ce qu’il adviendra de l’Autorité palestinienne ? Beaucoup parient sur sa chute prochaine.
Des questions « oubliées »
Par ailleurs des questions proprement palestiniennes sont éludées dans cette réforme comme par exemple le sort des prisonniers. Ils sont en effet des milliers à être incarcérés chaque année dans les geôles israéliennes : ces mois ou ces années passées en prison seront-ils pris en compte ?
Pas de mention non plus des Palestiniens tués par l’armée israélienne, qu’on appelle les « martyrs » : leurs familles pourront-elles toucher leurs pensions ? La réforme évoque seulement la mort naturelle. « En Palestine on ne meurt pas de mort violente », a déclaré récemment le ministre du Travail palestinien, suscitant ainsi la colère des manifestants.
Ces derniers se mobilisent depuis deux semaines sur les réseaux sociaux, le groupe Facebook le plus important compte 30 000 membres et ils sont bien décidés à obtenir l’amendement de cette réforme et surtout un véritable dialogue social avec une Autorité palestinienne qui reste sourde à leurs revendications.