Depuis l’attaque du village palestinien de Douma, dans laquelle un enfant de 18 mois et son père sont morts, les arrestations de quelques Israéliens d’extrême droite et la fermeté affichée du gouvernement israélien mettent les réseaux juifs extrémistes sur Internet en émoi. Jusqu’à sa mise sous les verrous et son placement en détention administrative, l’un des internautes les plus prolifiques n’était autre que Meir Ettinger. Le petit-fils du rabbin Kahane, la figure tutélaire de l’extrême droite israélienne, publiait régulièrement sur un blog hébergé par le site radical La Voix juive. Des phrases bien tournées, une rhétorique argumentée, le jeune militant de 23 ans se présentait en idéologue d’un mouvement en mal de meneurs.
Ses cibles sont multiples. Mais en lisant cette littérature ultrasioniste, raciste et xénophobe, on pourrait être surpris de la récurrence des invectives contre le Shabak, l’agence de contre-espionnage israélien. Meir Ettinger écrit : « Le Shabak insiste pour qualifier le terrorisme arabe [palestinien] de mouvement populaire. C’est le Shabak qui nomme les attaques aux cocktails Molotov des incidents. C’est ce même Shabak qui est responsable de la mort de Malachi Rosenfeld [un colon tué par un Palestinien fin juin]. »
« Nos soldats ne font rien »
L’autre obsession des radicaux israéliens : le président Reuven Rivlin. Des photomontages du chef de l’Etat israélien déguisé en nazi circulent sur les réseaux sociaux depuis que ce dernier a dénoncé les actes des extrémistes juifs lors d’un rassemblement à Jérusalem, samedi 1er août. Le président israélien a porté plainte.
Mais Facebook, et son relatif entre-soi, semble être le lieu d’échange préféré des extrémistes juifs. On ne compte plus les réactions de satisfaction sur le réseau social au lendemain de l’annonce de la mort d’Ali Dawabsha, le bébé palestinien brûlé vif. « Je ne peux que me réjouir que quelqu’un agisse enfin contre nos ennemis vu que nos soldats ne font rien pour lutter contre le terrorisme à cause des responsables politiques », publie par exemple Eliraz Fine, une résidente de la colonie d’Yitzhar, dans le nord de la Cisjordanie, le 2 août, avant de faire disparaître son message. Cette même extrémiste postait un statut deux jours plus tard estimant que « la saison de la chasse [aux juifs radicaux] était ouverte. Première détention administrative ».
Mais les tribunes ouvertement racistes ne se cantonnent pas aux réseaux sociaux ou à d’obscurs blogs. Le site Arutz Sheva, qui défend le sionisme religieux, n’hésite pas à soutenir les activités du mouvement radical des Jeunes des collines. Ils sont, par exemple, qualifiés de « héros » dans une tribune publiée par le site qui appartient à un groupe de médias favorable aux colonies.