Cela fait des années que Médecins
du Monde est concerné par le
problème israélo-palestinien,
puisque dès 1990, l’association installait
des dispensaires dans les camps de réfugiés
en Jordanie et initiait en Palestine
un programme de santé. Depuis 2000,
MDM travaille à Jérusalem-Est sur un
programme de réduction des risques en
direction des toxicomanes, à travers un
lieu d’accueil, où des jeunes, pour la plupart,
peuvent rencontrer des thérapeutes,
des psychologues et des médecins.
A Gaza, depuis la deuxième Intifada,
outre des missions de chirurgie réparatrice
et reconstructrice, des ambulanciers
palestiniens, avec l’appui de médecins
urgentistes français, sont formés à
conditionner les blessés directement sur
les zones de conflit car, faute de soins
immédiats, ils meurent souvent avant
d’arriver à l’hôpital.
« Destigmatiser » la maladie mentale
En Cisjordanie, après un travail d’enquête
auprès des populations de Naplouse en
butte aux violences israéliennes quotidiennes,
un « café littéraire » a été ouvert
pour permettre l’expression des problèmes
psychologiques en évitant leur
stigmatisation par la société pour laquelle
ils demeurent des tabous.
Par ailleurs, MDM se positionne politiquement
pour la défense des droits
des réfugiés, plus particulièrement les
réfugiés libanais qui ont encore moins
de droits que les autres. Il s’agit non
seulement de soigner, mais aussi de
témoigner sur leurs conditions de vie
et de transmettre la mémoire de la Nakba
dont les derniers témoins vont bientôt
disparaître.
Lutter contre l’enfermement et l’effacement
Jean est parti en mission avec France Arrestat,
en décembre 2006 pendant trois semaines - cet été, une première mission avait été interrompue
par la guerre - pour l’étude d’un programme
de soins de santé psychologique auprès
des personnes réfugiées du sud Liban.
Il s’articulera autour de deux axes prioritaires :
d’une part, l’enfermement, qu’il soit militaire
dans les camps du sud ou psychologique, dans
la fidélité sans fin à l’histoire du retour dans
une Galilée mythique.
D’autre part, l’effacement ; celui de la société
libanaise pour laquelle les réfugiés n’ont pas
de statut ; celui des personnes âgées qu’on
n’écoute plus parce qu’elles sont isolées, malades
ou fatiguées ; ou encore celui des hommes qui,
à cause du chômage qu’ils subissent, sont transformés
en « assistés ». En s’appuyant également
sur les constats d’un rapport commandé par
l’UNRWA sur les problèmes de santé mentale
des populations palestiniennes au Liban, Médecins
du Monde pense intervenir auprès des
adultes et des personnes âgées laissés pour
compte dans ce domaine, et implanter, au sud
Liban, le même type de centre de soins que
celui de Naplouse. Le but est de créer du lien
autour de ce café-rencontre, en associant d’autres
organisations laïques.
« Nous voudrions être partenaires de l’UNWRA,
ajoute Jean, parce qu’il nous semble important
au plan politique de renforcer un organisme
international qui a une légitimité historique et
juridique et qui, parce qu’il est moins inféodé
aux partis politiques, peut être fédérateur au
moment où les forces palestiniennes se divisent.
Parallèlement au lieu de rencontre, nous
pensons développer un programme de formation
de psychologues palestiniennes avec une université
de Beyrouth et des psychologues francophones
de haut niveau. »
Monique Etienne