Parallèlement, le ministre égyptien des Affaires étrangères, Ahmad Aboul Gheit, a annoncé que son pays ne tolérera pas de nouvelle violation de sa frontière et « brisera les jambes » de ceux qui la franchiront illégalement.
« Le président Abbas est prêt à travailler en vue de la conclusion d’un cessez-le-feu avec Israël dans la bande de Gaza pour mettre fin au massacre quotidien dont le peuple palestinien est victime », a déclaré à l’AFP son porte-parole, Nabil Abou Roudeina. Il n’a pas précisé si M. Abbas, basé à Ramallah, en Cisjordanie, était prêt à parler directement au Hamas, qui a chassé par la force l’Autorité palestinienne du pouvoir à Gaza en juin. Selon M. Abou Roudeina, M. Abbas est aussi « prêt à prendre immédiatement le contrôle des points de passage de la bande de Gaza », tenus fermés quasiment en permanence par Israël depuis l’arrivée du Hamas au pouvoir.
Le Hamas a cependant promptement rejeté l’offre. « Il est clair que la proposition du président Abbas est une tentative de chantage contre le peuple palestinien qu’il a laissé se faire massacrer », a déclaré à l’AFP le porte-parole du Hamas, Fawzi Barhoum. Il a accusé M. Abbas de « promouvoir un projet défaitiste sous le faux slogan de vouloir protéger le peuple palestinien ».
Un porte-parole du gouvernement israélien, Avi Pazner, interrogé sur l’offre de M. Abbas, a affirmé qu’Israël « n’a pas été approché à ce sujet ». « Mais la chose la plus simple est que le Hamas cesse ses attaques contre Israël et nous n’aurons pas à prendre des mesures pour y répondre », a-t-il ajouté. Sept Palestiniens, dont six activistes, ont été tués hier dans des attaques de l’armée israélienne qui maintient la pression sur Gaza en riposte aux tirs de roquettes palestiniennes. Cinq activistes du Hamas et un sixième au Jihad islamique ont péri dans des raids aériens alors qu’un enseignant a été tué par un obus de char dans son école, a-t-on indiqué de sources médicales. Un combattant du Hamas blessé dans un raid israélien mercredi soir a également succombé hier.
En dépit des attaques israéliennes, des activistes palestiniens ont tiré de nouvelles roquettes artisanales hier sur le sud d’Israël, faisant deux blessés légers, selon des sources militaires. Le Hamas a revendiqué quatorze tirs.
Israël a renforcé les restrictions sur la bande de Gaza en y imposant le 17 janvier un blocus, qui s’est notamment traduit par une baisse des fournitures de carburants et de courant électrique. Selon la radio militaire israélienne, Israël va procéder progressivement à compter de ce soir à une réduction supplémentaire de ses fournitures d’électricité à Gaza. Le ministère israélien de la Défense a donné ordre à la compagnie israélienne d’électricité de réduire de 5 % l’électricité fournie par l’une des dix lignes à haute tension qui alimentent Gaza, ce qui fera une réduction totale de 1,5 mégawatt d’un total de 120 mégawatts fournis jusqu’ici.
L’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch (HRW) a affirmé hier que les réductions des quantités de carburants et d’électricité fournis à Gaza constituaient une « punition collective » contre le territoire de 1,5 million d’habitants.
Dans le même temps, le ministre égyptien des Affaires étrangères, Ahmad Aboul Gheit, a déclaré hier que « quiconque violera la frontière (égyptienne) aura les jambes brisées », ajoutant que l’Égypte n’avait permis aux Palestiniens de déferler sur son sol que pour des raisons humanitaires. M. Aboul Gheit a tenu ces propos inhabituellement violents sur la télévision publique égyptienne, dont des extraits ont été cités par MENA.
M. Aboul Gheit a reproché au Hamas de lancer des roquettes sur le territoire israélien en qualifiant sa confrontation avec Israël de « caricaturale et risible ». « Le Hamas, après s’être emparé de la bande de Gaza, a décidé de s’opposer à Israël, mais cet affrontement paraît caricatural et risible car l’affrontement avec un opposant est censé lui nuire. On ne s’oppose pas à quelqu’un pour se nuire à soi-même », a-t-il affirmé. M. Aboul Gheit a assuré que les roquettes retombaient dans la bande de Gaza et finissaient par blesser des Palestiniens, tout en donnant un prétexte aux Israéliens pour attaquer les Palestiniens. Le ministre égyptien a en outre affirmé que le fait que le Hamas refuse que le terminal de Rafah, unique fenêtre de la bande de Gaza sur le monde extérieur, rouvre conformément à un accord conclu en 2005 « signifie que (le Hamas) punit le peuple palestinien, car c’est ce dernier qui est affecté par la fermeture du terminal ».
« Au lieu de critiquer la résistance, il faudrait l’aider et aider le peuple palestinien qui défend toute la nation (arabe) », a commenté de son côté le porte-parole du Hamas à Gaza, Fawzi Barhoum, réagissant aux déclarations de M. Aboul Gheit.
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Selon PNN le 7 février,
Israël contre des forces supplémentaires entre l’Égypte et Gaza
Le cabinet de sécurité restreint israélien exclut un doublement des effectifs des gardes égyptiens ou un déploiement de forces internationales pour sécuriser la frontière entre l’Egypte et Gaza.
En revanche, il a approuvé le principe de la construction d’une clôture de sécurité le long des 220 kilomètres de frontière entre le Sinaï égyptien et Israël, comme le suggérait le ministre de la Défense, Ehud Barak.
La ministre israélienne des Affaires étrangère, Tzipi Livni, avait suggéré d’accepter que l’Egypte fasse passer à 1.500 le nombre de ses gardes à la frontière de Gaza, qui est plafonné par le traité de paix israélo-égyptien de 1979.
Mais, réuni mercredi sous la présidence du Premier ministre Ehud Olmert, le cabinet restreint, dont Barak et Livni font partie, a rejeté l’idée. "Le ministre de la Défense ne croit pas que cela fasse une différence qu’il y ait plus ou moins de policiers égyptiens", a-t-on expliqué dans l’entourage de Barak.
Israël a été très critique de la façon dont les autorités du Caire ont géré la crise des deux dernières semaines à leur frontière avec Gaza, dont des activistes du Hamas avaient fait sauter le mur de séparation, provoquant un afflux incontrôlable de Palestiniens dans le Sinaï.
L’Egypte a refermé dimanche cette frontière, dont l’Autorité palestinienne du président Mahmoud Abbas a proposé de reprendre le contrôle, qu’elle avait perdu en juin lorsque le Hamas a pris le pouvoir par la force à Gaza.
"Le Hamas n’a pas son mot à dire"
L’Egypte a exhorté le Hamas à accepter le retour des forces sécurité d’Abbas, assurant que, après avoir fermé les yeux pour des raisons humanitaires sur les allées et venues des Palestiniens, sa patience avait des limites.
Le mouvement islamiste "n’acceptera plus le maintien de la fermeture des postes-frontières qui ont transformé Gaza en une immense prison", a rétorqué son porte-parole Abu Zouhri. Mais Abbas a estimé que le Hamas n’avait "pas son mot à dire".
Bien qu’il n’y soit plus présent depuis son retrait de Gaza en 2005, Israël peut s’opposer à l’ouverture du point de passage de Rafah en vertu d’un accord conclu la même année avec l’Egypte et l’Autorité palestinienne sous l’égide de Etats-Unis et de l’Union européenne.
Arguant de soucis de sécurité, l’Etat juif a maintenu le point de passage fermé quasiment en permanence depuis juin en empêchant les observateurs européens censés y superviser le transit et basés sur son territoire de le rejoindre via son poste frontière de Kerem Shalom.
"Nous appelons les autorités gouvernant la bande de Gaza à autoriser les observateurs et les éléments de l’Autorité palestinienne à revenir à nouveau au point de passage, afin de superviser l’application de l’accord de 2005", a déclaré mardi le chef de la diplomatie égyptienne, Ahmed Aboul Gheït.
L’ouverture "sauvage" de la frontière égypto-gazaouie fait craindre à Israël une infiltration sur son territoire via le Sinaï égyptien de centaines d’activistes palestiniens, d’où sa décision d’ériger une clôture le long de ses 220 km de frontière avec l’Egypte. [2]
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Communiqué de Presse de la Délégation générale de Palestine
La Déléguée Générale de la Palestine en France dénonce avec la plus grande fermeté les assassinats ciblés perpétrés par l’armée israélienne dans les Territoires Palestiniens Occupés, en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza.
Ainsi, sept Palestiniens ont été tués, pour ce seul jeudi. Il s’agit d’une nouvelle tuerie parmi la longue liste de terrorisme d’Etat qu’exerce le gouvernement israélien. Ces victimes s’ajoutent aux 6129 personnes tuées dans ce cercle infernal de la terreur depuis 2000.
Cette nouvelle escalade de l’armée israélienne ne fera que mettre en péril la sécurité et la stabilité de la région en alimentant l’insoutenable logique de violence.
Les attaques et les incursions militaires israéliennes se poursuivent dans les Territoires Palestiniens Occupés, et constituent, à la fois, de flagrants crimes contre le peuple palestinien, ainsi que des graves violations des conventions et pactes relatifs aux droits de l’Homme, en particulier la 4e convention de Genève relative aux populations civiles en état de guerre.
Depuis des mois, Israël, qui prend la population palestinienne en otage, a renforcé les restrictions en imposant un blocus total sur la bande de Gaza.
Human Rights Watch (HRW) a d’ailleurs qualifié aujourd’hui, les sanctions israéliennes de « punition collective » contre les 1,5 million d’habitants de la bande de Gaza. Selon l’organisation, les sanctions ont eu « un grave impact sur les hôpitaux de Gaza, les stations de pompage d’eau, le réseau de traitement des eaux usées et d’autres infrastructures essentielles pour le bien-être de la population de Gaza ».
La Délégation Générale de la Palestine en France lance un appel pour l’arrêt immédiat des raids de l’armée israélienne, la reprise des approvisionnements et une levée du siège inhumain imposé à la bande de Gaza. Elle insiste sur la nécessité d’assurer une protection internationale du peuple palestinien conformément aux principes du droit international.
Fait à Paris, le 07 février 2008