Il ne s’agissait pas seulement de répliquer à des tirs de roquettes. Les objectifs poursuivis par le gouvernement Olmert étaient d’une tout autre nature, à plus longue portée, pourrait-on même dire.
Lors d’une réunion sur les questions de « sécurité » avec des experts français, cette question a été abordée sans la moindre gêne par leurs homologues israéliens. Et les télégrammes diplomatiques transmis à l’Elysée ainsi qu’au Quai d’Orsay ont fait état de cette remarquable franchise.
Selon les confidences de ces responsables israéliens, les intentions de leur gouvernement pouvaient se résumer ainsi : « Le Hamas devient de plus en plus dangereux. Il faut donc qu’on le liquide préventivement, en cas de guerre avec la Syrie ou de bombardement des sites nucléaires iraniens. »
L’avertissement n’a pas porté et, à Paris, on a réagi comme si de rien n’était. Le 28 février, à la demande de Sarkozy, le Quai d’Orsay a ouvert son robinet d’eau tiède.
Une première déclaration « condamnait (en premier lieu) les tirs de roquettes palestiniens » mais n’appelait ensuite les Israéliens qu’à « la plus grande retenue ». Il faudra que le patron de l’ONU demande à « Israël de mettre un terme à ses attaques », puis que Bush, le pape et l’Union européenne lui apportent un soutien, d’ailleurs fort modeste, pour que le Quai d’Orsay se réveille un tant soit peu.
Le 3 mars, un - communiqué de cette petite voix de la France « rappelle (ce qui est faux) sa condamnation de l’opération militaire israélienne ».
Mieux, si l’on ose dire, le silence sarkozyste a été fort remarqué lors des discussions du Conseil de sécurité de l’ONU. Ordre avait été donné au représentant français, Jean-Marie Ripert, de ne prendre aucune initiative.
A en croire d’insolents diplomates français, on entend même dire, dans plusieurs organisations européennes, que l’équipe Sarkozy-Kouchner-Levitte adopte des positions encore plus « pro-israéliennes » que celles du clan Bush.
Et, à titre d’exemple, ils évoquent l’intervention du représentant français, Gérard Araud, lors de la réunion des directeurs des affaires politiques des ministères des Affaires étrangères de l’Union européenne.
La semaine dernière, en effet, Gérard Araud a déclaré en substance que, dans le domaine international, « les Européens agissent soit à la remorque des Américains, soit sont contraints de jouer à la Croix-Rouge en distribuant de l’argent ou en pratiquant des opérations humanitaires “.
Et le même d’affirmer que « la présidence Bush touchant à sa fin, et ne pouvant plus prendre d’initiatives, c’était aux Européens de prendre la relève ».
Comme ce haut dignitaire du Quai d’Orsay s’était bien gardé d’affirmer, devant ses collègues européens, que l’erreur avait été de trop suivre la politique américaine, certains ont cru comprendre que ses patrons, Sarkozy et Kouchner, rêvaient de faire mieux que Bush avec Israël, en Afghanistan, contre l’Iran et dans le monde entier …