De partout dans le monde, là où il n’y a pas de travail, pas d’argent, la vie est dure, mais c’est en Palestine qu’elle est le plus difficile en raison de l’occupation israélienne ! Natiba, d’un village de Cisjordanie
Membres de l’Association France Palestine Solidarité de la région Rhône Alpes, du
mouvement des Femmes en Noir
nous sommes reparties, une nouvelle fois.
Engagées l’une et l’autre dans la dénonciation de l’occupation israélienne, dans la nécessité
de soutenir le droit des Palestiniens à Résister, partir et vivre un temps fort auprès de la
population des territoires occupés, nous paraît une nécessité.
Ces séjours en Palestine, au plus près de la réalité du vécu quotidien des personnes,
soutiennent notre engagement en France.
Nous sommes restées sept semaines partageant notre temps entre Hébron, Naplouse
et Deïr Istiya.
Denise, Michelle
VILLE D’HEBRON
Hébron se trouve à 35 kilomètres de Jérusalem et compte plus de 180.000 habitants.
Sa particularité est d’avoir quatre colonies à l’intérieur de la ville soit environ 600 colons. Celle de Kiryat Arba est connue pour être un bastion de l’intégrisme juif. 2.000 soldats « protègent » ces 600 colons.
Dans le souk, dont les maisons sont plusieurs fois millénaires,
y règnent l’abandon, la misère, la désespérance.
De nombreuses rues sont fermées par des portes en fer, des blocs de pierre, des grillages. Derrière l’un d’eux nous apercevons des enfants palestiniens qui reviennent de l’école. Ces enfants sont fréquemment attaqués par ceux des colons qui leur jettent des pierres, les frappent sous le regard bienveillant et approbateur de leurs parents.
A l’entrée du marché des miradors à hauteur d’homme, des tourniquets
gardés par des soldats israéliens qui les bloquent selon leur humeur.
Sur les toits des maisons, des soldats observent les passants, camouflés
sous leurs filets de camouflage, prêts à tirer.
A chaque poste militaire, nous passons sous des détecteurs de métaux.
Les papiers d’identité sont vérifiés, les sacs fouillés.
Les Palestiniens peuvent-être refoulés, sans raison.
Dans une étroite rue du souk, le dernier étage des maisons est habité par des
colons qui jettent leurs poubelles sur les Palestiniens .
La quantité de détritus déposée est telle que la lumière du jour peine à passer.
De nombreuses boutiques sont fermées. Les commerçants harcelés en permanence
par les soldats et les colons n’arrivent plus à vendre,
Une école a été réquisitionnée et transformée en Yeshiva (2).
Un marchand de légumes s’obstine à garder sa boutique ouverte :
"en ce moment, les colons ne nous attaquent pas trop .Ce sont les soldats qui viennent et nous frappent. Les gens ont peur et ne viennent pas dans la rue pour acheter."
Pourtant la résistance s’est organisée. Des maisons ont été retapées.
Le comité de réhabilitation d’ Hébron, à l’initiative du gouvernement
palestinien, de 1995 à 2001, rénove plus de 150 bâtiments vétustes,
ce qui a permis la réinstallation de plus 230 familles, souvent très pauvres.
Nous avons visité une famille palestinienne vivant entourée de colons.
Ces derniers pour se construire une route allant à la synagogue, ont fait
exploser plusieurs maisons, magnifiques, datant de la période ottomane,
appartenant à des Palestiniens.
Les portes d’entrée restantes sont obstruées par des gravats pour que leurs
propriétaires ne puissent y revenir.
Au milieu de la route, une ligne jaune, signifiant aux Palestiniens,
l’interdiction de l’emprunter.
Pour se protéger de l’agression des colons , les Palestiniens ont entouré
la terrasse de leur maison de barbelés.
Leurs réserves d’eau sont polluées car les citernes sur les toits sont percées
à plusieurs endroits par des tirs de balles.
Le chef de famille qui nous accueille nous raconte :
– "Un jour, mon frère se rend à la mosquée pour prier. Devant lui un vieil homme,
Les soldats n’arrêtent pas de l’importuner en lui demandant sans cesse de repasser sous le détecteur de métaux. A un moment, ils menacent de le frapper. Mon frère intervient. Résultat : quinze jours de prison et 2000 N.I.S ( 400 euros) d’amende à payer. Motif : a empêché l’armée de faire son travail !"
– "Ma mère a 86 ans. Elle est aveugle, ne se déplace qu’avec un déambulateur. Chaque année elle va passer l’hiver chez mon frère qui habite dans un autre quartier. L’armée refuse qu’une voiture vienne la chercher ici. Nous devons la porter, sur une chaise, jusqu’au check-point distant de 300 mètres, et la passer comme cela, avant de trouver un véhicule !"
Dans cette vieille ville, soumise aux agressions incessantes des colons et de l’armée, nous avons travaillé chaque matin, partageant notre temps entre un centre de loisirs à l’entrée du souk, et un jardin d’enfants du Croissant Rouge Palestinien, à 10 minutes de là….. mais……. barrages obligent nous n’avons pu nous y rendre que par des taxis collectifs après une demi heure de trajet .
Dans le cadre des actions offertes par l’association d’échanges
culturels France/Hébron, nous avons proposé des formations à
des techniques d’animation ne nécessitant pas l’achat de matériel :
fabrication de jeux éducatifs et création de marionnettes, pour des
monitrices du centre de loisirs et les mères de familles du jardin d’enfants.
Elles pourront les utiliser dans leur lieu de travail et chez elles, avec leurs
enfants.
Grands furent notre étonnement et notre admiration devant le dynamisme et la motivation de ces personnes avec lesquelles nous avons parcouru un bout de chemin !
Nous avons rencontré le responsable du club des prisonniers.
Lui-même est resté 6 ans en prison. Deux de ses frères y sont actuellement : "C’est notre destin d’être en prison. Lorsque nous sortons c’est pour l’être dans notre ville, notre pays. Seulement quelques mètres de plus à marcher !"
Le 5 novembre 2007, une lycéenne de 17 ans a été incarcérée. Elle portait dans sa manche un petit canif. Elle est accusée d’avoir voulu tuer un soldat israélien !
Un appel international a été lancé pour la prisonnière Amneh Muna, incarcérée à vie le 19 janvier 2001, dans des conditions très difficiles. Journaliste, symbole de la résistance des femmes palestiniennes, elle a commencé une grève de la faim. Le jour de son arrestation, deux enfants et un adulte ont été tués dans l’appartement où elle se trouvait.
Nous avons rencontré une femme libérée récemment après 13 mois d’incarcération. Pas de motif d’inculpation, pas de jugement ! Elle nous a parlé des difficiles conditions de vie en prison : surpopulation, manque d’hygiène, nourriture déplorable. Les lettres envoyées de France aux prisonnières ne leur sont que rarement remises, les visites souvent interdites. Les mères de famille, lorsque leurs enfants sont autorisés à venir les voir, ne peuvent s’en approcher qu’une fois tous les trois mois, sinon elles doivent se tenir à 3 mètres d’eux !
Nous avons rencontré 6 personnes, 2 marocains, 2 algériennes, 2 jordaniennes, mariés (ées) à des palestiniens (nes). Le regroupement familial leur a été refusé par le gouvernement israélien. Ils se retrouvent « sans papier d’identité ». Ils (elles) n’ont pu revoir leur famille depuis de nombreuses années, vivent sans pouvoir sortir d’Hébron, craignant d’être expulsés.
A Hébron, comme dans toute la Palestine, l’occupant israélien arrive à ses fins.
Détruire le tissu social et familial. Conséquences : les Palestiniens en arrivent à s’entretuer.
Lors de la conférence d’Annapolis, sur ordre du gouvernement palestinien, aucune manifestation n’est permise sans autorisation. Malgré cette interdiction, des personnes s’organisent et manifestent contre la tenue de cette conférence. La répression par la police palestinienne est terrible : un homme de 37 ans perd la vie, 30 sont blessés.
Le lendemain la tension est toujours forte : 30 nouveaux blessés.