Le Comité central du CME a rappelé à ses membres qu’ en ce qui concerne les fonds d’investissement, « ils ont l’occasion d’utiliser ces fonds de manière responsable pour soutenir une solution pacifique » du conflit israélo-palestinien .
La direction du CME a encouragé les églises membres du Conseil à « prendre sérieusement en considération les mesures économiques qui soient équitables, transparentes et non violentes » en tant que nouvelle façon de travailler pour la paix, en étudiant les manières de ne pas participer économiquement à des activités illégales liées à l’occupation israélienne. En ce sens, le Comité a affirmé que « les pressions économiques appliquées ouvertement et de manière appropriée » sont « un moyen d’action ».
La direction du CME a notamment mentionné le « processus de désinvestissement étalé et sélectif de firmes multinationales impliquées dans l’occupation » qui est actuellement mis en œuvre par l’Eglise presbytérienne aux Etats-Unis. » Cette action est louable à la fois dans la méthode et dans la manière et se base sur des critères enracinés dans la foi’.
Cette recommandation, approuvée un jour avant la fin de la session de février (12 au 22) de la direction du Conseil à Genève, se trouve dans un compte-rendu adressé aux églises membres du CME. Le comité y note également que « dans le conflit entre Israël et la Palestine, il y a un regain d’espoir, bien qu’il n’y ait pas encore de réduction des menaces qui séparent les parties ».
Le document souligne que « les activités illégales dans les Territoires occupés continuent comme si une paix viable entre les deux peuples n’était pas possible » et que les firmes multinationales sont impliquées dans un certain nombre de « violations du droit international » à l’intérieur de ce territoire.
Les 150 membres du comité affirment que « la préoccupation ici est de se conformer au droit comme fondement d’une paix juste ». et que « nous n’ignorons pas les faits et ne devons en être complices même involontairement ».
Tout en soulignant l’impact et le témoignage grandissants de l’engagement de l’église qui englobe les Israéliens et les Palestiniens, y compris par des initiatives comme le Programme d’accompagnement œcuménique en Palestine et Israël, sous la direction du CME, le comité « incite aussi à ouvrir des voies plus nombreuses et plus larges d’engagement entre les communautés chrétiennes, musulmanes et juives qui recherchent la paix ».
Comme cadre de sa recommandation, la direction du CME rappelle sa déclaration de 1992, à savoir que « la critique de la politique du gouvernement israélien n’est pas en soi anti-juive » et son appel de 1969 à « des garanties internationales réelles de l’indépendance politique et de l’intégrité territoriale de toutes les nations de la région, y compris Israël ». Elle mentionne aussi sa reconnaissance « des préoccupations sécuritaires sérieuses et légitimes de d’Israël » en 2004.
Voici le texte complet de la résolution du comité central du CME :
Résolution sur certaines mesures économiques pour la Paix en Israël/ Palestine.
Dans le conflit entre Israël et la Palestine, il y a un regain d’espoir, bien qu’il n’y ait pas encore de réduction des menaces qui séparent les parties au conflit. Les Palestiniens ont maintenant organisé deux élections de manière constructive, malgré l’occupation qui se poursuit, et en prévoient une autre au milieu de l’année. Les églises apprécient cet élan qui construit la paix et des solutions qui engagent de manière crédible ceux qui doivent faire la paix, les puissants comme les faibles.
Les églises remarquent l’impact et le témoignage grandissants de l’engagement de l’église qui englobe les Israéliens et les Palestiniens. Le Programme d’accompagnement œcuménique en Palestine et Israël, sous la direction du CME est présent et soutient à la fois les Palestiniens et les Israéliens qui souffrent dans les circonstances actuelles. On constate aussi un intérêt grandissant parmi les églises à mener de nouvelles actions qui manifestent leur engagement à mettre en évidence des perspectives d’une paix juste, équitable et durable en Israël et en Palestine.
On remarque des initiatives à l’intérieur des églises pour devenir de meilleurs serviteurs de la justice dans les affaires économiques qui les lient à des violations continues du droit international dans les Territoires occupés. Le comité central prend note de l’action de l’Eglise presbytérienne aux Etats-Unis qui le a lancé un processus de désinvestissement étalé et sélectif de firmes multinationales impliquées dans l’occupation. Cette action est louable à la fois dans la méthode et dans la manière et se base sur des critères enracinés dans la foi et appelle les membres à faire « des choses qui amènent à la paix » (Luc, 19, 42).
La préoccupation ici est de se conformer au droit comme fondement d’une paix juste . Des firmes multinationales sont impliquées dans les démolitions de maisons palestiniennes et dans la construction de colonies et de leurs infrastructures dans les Territoires occupés, dans la construction d’un mur de séparation qui se trouve pour la plus grande part à l’intérieur du territoire occupé et dans d’autres violations du droit international menées à l’extérieur des frontières internationalement reconnues de l’Etat d’Israël, déterminées par l’Armistice de 1949.
En cette trente-huitième année de l’occupation, le désir grandit d’une paix juste et équitable. Pour les églises du CME ces espoirs sont guidés par des positions et des programmes qui reflètent une recherche de la vérité parmi de nombreuses difficultés.
Depuis 1969 le CME appelle à des garanties internationales réelles de l’indépendance politique et de l’intégrité territoriale de toutes les nations de la région, y compris Israël . Il réaffirme régulièrement cette préoccupation, ainsi sa reconnaissance en 2004 des préoccupations sécuritaires sérieuses et légitimes de d’Israël .
En 1992, le CME a affirmé que « la critique de la politique du gouvernement israélien n’est pas en soi anti-juive ». Pendant le processus d’Oslo dans les années 90, les églises ont soutenu les projets de rapprochement des sociétés civiles des communautés en conflit en Terre Sainte.
En 1995 le Comité central a établi des critères pour des actions économiques au service de la justice, à savoir qu’elles doivent s’inscrire dans une stratégie plus large d’établissement de la paix, concerner les violations flagrantes et persistantes, avoir un objectif clair et limité, faire preuve d’équilibre et disposer de mécanismes de contrôle adéquats et enfin être menées dans la plus grande transparence.
En 2001 le Comité exécutif du CME a recommandé un boycott international produits dans les colonies implantées illégalement dans le territoire occupé et les agences d’Aprodev (liées au CME) en Europe travaillent à identifier complètement et correctement les produits des colonies israéliennes avant qu’ils soient expédiés vers la Communauté Européenne, en accord avec les termes de l’Accord d’Association de l’UE avec Israël.
Pourtant les activités illégales continuent dans le territoire occupés continuent comme si une paix viable entre les deux peuples n’était pas possible. Nous n’ignorons pas les faits et ne devons en être complices même involontairement.
En conséquence, le Comité Central du CME, réuni à Genève du 15 au 22 février 2005 :
- encourage les églises membres à travailler à la paix de manière nouvelle et à prêter sérieuse considération à des mesures économiques qui soient transparentes, équitables et non-violentes ;
- demande aux églises membres de garder un contact positif avec les églises qui se lancent dans de telles initiatives
- incite à ouvrir des voies plus nombreuses et plus larges d’engagement entre les communautés chrétiennes, musulmanes et juives qui recherchent la paix
- rappelle aux églises qui possèdent des fonds d’investissement qu’elles ont l’occasion d’utiliser ces fonds de manière responsable pour soutenir une solution pacifique du conflit. Les pressions économiques appliquées ouvertement et de manière appropriée sont un des moyens pour y parvenir.
Genève 21 février 2005, Comité Central du Conseil Mondial des Eglises