"Comme nous le rappelle ce portrait, nous sommes bien là pour exprimer notre solidarité avec Salah Hamouri, ce jeune franco-palestinien dont la mère est originaire de Bourg (quartier des Vennes), qui a été arrêté en mars 2005, jugé et condamné cette année à 7 ans de prison pour être inscrit à un parti politique et avoir été repéré, passant avec un camarade, devant le domicile d’un rabbin, Yossef Ovadia, bien connu pour ses positions extrêmes et pour être le chef du parti Shas (parti ultra orthodoxe). Et on a affirmé, sans qu’on n’ait jamais apporté de preuve, en plus de trois ans, qu’il était en repérage pour un attentat.
Voilà une histoire de Salah Hamouri qui est injuste et révoltante.
Mais je crois qu’elle ne peut pas se séparer d’une autre histoire.
Et cette autre histoire, c’est que Salah est né dans un pays, grand comme le département de l’Ain, qui est occupé depuis 40 ans par l’une des armées les plus puissantes du monde.
Il est palestinien, jeune, il habite Jérusalem-Est, la partie palestinienne de la ville, à deux pas du mur qui enferme cette partie de la ville. Il est tout près d’une porte qui est ouverte ou fermée suivant l’humeur des soldats israéliens.
Il fait ses études à l’Université de Bethléem, qui est à moins de 10 kilomètres de Jérusalem.
Pour s’y rendre :
Soit il prend la route de contournement faite pour les palestiniens et il triple la distance ;
Soit il prend la route directe et il passe automatiquement à un point de contrôle, un cheik point, où le scanner le contrôle sous toutes les coutures. Il peut passer rapidement ou attendre un certain temps suivant que le soldat décide de mettre le feu vert ou le feu rouge.
S’ il veut aller à Ramallah, autre ville de Palestine, située à 15 kilomètres, il ne peut pas échapper à ce même contrôle, alors qu’il circule chez lui.
Salah, qui n’a pas les yeux dans sa poche, s’aperçoit que dans son quartier palestinien, des maisons arborent des drapeaux israéliens, parce que des habitants ont été chassés par l’armée sous prétexte qu’ils n’avaient pas de titre de propriété et qu’ils ont été remplacés par des Israéliens.
Il constate que les colonies s’agrandissent de plus en plus sur son pays et s’installent partout et volent la terre et les champs d’oliviers de ses pères.
Il voit que le mur n’en finit pas de zigzaguer pour récupérer de l’eau et des terres. Partout, c’est l’humiliation…
Salah ne peut pas accepter ce genre de situation et quand on n’accepte pas l’occupation de son propre pays, la convention de Genève reconnaît que l’on n’est pas un terroriste, mais un résistant.
Salah a l’âme d’un résistant comme l’ont été, chez nous, à Bourg ou ailleurs de nombreux jeunes étudiants, dès le début de l’occupation allemande lors de la dernière guerre. Les terroristes d’hier ne sont-ils pas les héros d’aujourd’hui, tel Guy Moquet cité en exemple par notre Président de la République ? Et si ces jeunes avaient été arrêtés par l’occupant sur simple soupçon d’attentat, parfaitement infondé, pour ce qui concerne Salah, tout le monde aurait pu crier au scandale et à l’injustice et tout le monde aurait eu raison. Or Salah n’a tué personne, n’a jamais possédé d’arme.
Salah vit cette situation. Il faut donc le défendre. Son seul crime, si on peut dire, est d’être né palestinien et de n’avoir pas compris qu’il fallait partir pour laisser toute la place à Israël. Coupable, comme des milliers d’autres, simplement d’être et de s’affirmer légitimement Palestinien dans ce pays que lui ont accordé les Nations unies.
Et le plaider coupable ou non coupable n’est qu’une péripétie de la justice de l’armée israélienne qui veut se couvrir de tous les côtés.
C’est pourquoi nous ne cesserons pas de demander à nos gouvernants une intervention énergique pour la libération de notre compatriote Salah.
Un comité de soutien départemental va être lancé (ou annoncé), tout à l’heure en lien avec le comité national dont le président est Stéphane Hessel, résistant et déporté. Il a participé en décembre 48, à la rédaction de la déclaration universelle des droits de l’homme, dont nous venons de fêter le soixantième anniversaire. Cette année, il a été lauréat du Prix Unesco pour la promotion d’une culture des droits de l’homme. C’est une référence.
Je remercie vivement Monsieur le Maire d’avoir pris l’initiative de cette manifestation de soutien à Salah Hamouri et d’avoir donné la parole à l’association France Palestine Solidarité.
Je laisse la parole à Michelle qui va nous faire part d’un message de Mme Denise Hamouri, mère de Salah..."