Trois mois plus tôt, cet étudiant de l’université de Bethléem (la ville palestinienne jouxtant Jérusalem) était passé en voiture, de nuit, devant la résidence du rabbin Yossef Ovadia, leader du parti religieux extrémiste Shass.
Ce dossier embarrasse les relations entre les deux pays et a été plusieurs fois évoqué lors des visites ministérielles... ainsi sans doute qu’à l’occasion de l’actuelle visite à Paris du président Shimon Peres.
« Son procès a déjà été reporté à 25 reprises ! »
« On reproche à mon fils d’avoir comploté contre ce rabbin mais la justice militaire israélienne n’apporte aucune preuve. Elle lui prête seulement un délit d’intention. Pire, on attend toujours qu’il soit jugé : son procès a déjà été reporté à 25 reprises ! » se désespère sa mère, Denise Guidoux, 49 ans, une enseignante de lettres à l’école catholique des Soeurs du Rosaire, originaire de Bourg-en-Bresse (Ain). La justice militaire soupçonne son fils Salah, qui a subi quarante-cinq jours d’interrogatoire, d’appartenir aux organisations de jeunesse du Front populaire de libération de la Palestine, l’organisation du défunt docteur Georges Habache.
« Nous sommes sur le qui-vive en permanence car nous sommes à la merci de la justice militaire, qui refuse d’entendre les témoins », se désole la mère, installée depuis un quart de siècle en Israël où elle a épousé Salah Hamouri, un Arabe israélien de 52 ans, propriétaire d’un restaurant à Jérusalem. « Je crains que sa filiation palestinienne ne soit un problème de plus », assure Denise, qui rend visite deux fois par mois à son fils dans cette prison où elle a droit à trois quarts d’heure d’entretien, à chaque fois derrière une vitre. « Il a le moral et lit beaucoup pour passer le temps », confie-t-elle.
Le mois dernier, elle a pu s’entretenir quelques minutes avec Bernard Kouchner, le ministre des Affaires étrangères, dont les services ont multiplié « discrètement » les interventions et démarches pour que le jeune homme bénéficie d’un jugement contradictoire, sans évoquer une libération. Des agents du consulat de France sont présents à chaque audience où Salah est présenté au procureur. A bout de ressources morales, Denise Hamouri-Guidoux s’est décidée à écrire au père du caporal Gilad Shalit, un Franco-Israélien enlevé par le Hamas en juin 2006 dont les autorités françaises réclament la libération sans conditions. Elle place désormais tous ses espoirs dans le passage à Paris du président Shimon Peres, à qui elle « demande un geste ».