A l’initiative de « International Women Commission [1] » et de Luisa Morgantini [2], une délégation de femmes s’est rendue en Israël et dans les territoires occupés de Cisjordanie du 24 au 29 octobre 2009. Nous avons rencontré deux types d’acteurs, des responsables politiques et des responsables associatifs tant israéliens que palestiniens mais surtout beaucoup de femmes.
Parmi les politiques : Salam Fayyad, premier ministre palestinien, et des députés de la Knesset dont la première femme palestinienne siégeant dans cette assemblée : Hanin Zoabi, trentenaire très charismatique.
Nous avons longuement échangé avec des femmes palestiniennes du camp de réfugiés de Kalandia qui nous ont décrit les difficultés de leur vie quotidienne, les humiliations, les souffrances, et en particulier les nombreux obstacles qu’elles doivent surmonter pour rendre visite à leurs maris et leurs enfants emprisonnés. Parmi les milliers de prisonniers, plus de 400 sont mineurs. Hanan Ashrawi, du Conseil législatif PalestinienJ’ai pu aussi rencontrer le père du prisonnier Franco-Palestinien Salah Hamouri [3]détenu depuis 2005 pour des motifs contestés, sans preuves et sans que le gouvernement français ne se mobilise !
A Haifa, nous avons été reçues par la Coalition des Organisations pour les Femmes qui milite en faveur des droits des femmes arabes et juives et le Mossawa Center qui travaille sur le statut légal et les droits des Palestiniens citoyens israéliens. Une table ronde sur le statut des citoyens arabes en Israel avec le Mossawa Center se tiendra au parlement européen le 10 Novembre 2009 à 14h30 salle ASP 3H1.
A Jaffa ce sont des Combatants for Peace qui nous ont accueillies. Parmi eux, M. et Mme Arami dont la fille de 10 ans avait été tuée par balle devant son école en 2007, drame très médiatisé et qui a donné naissance à une pièce de théâtre présentée en Israël, le rôle de Bassam Arami, le père étant joué par un acteur Israélien Shlomo Vishisky dont le fils a été tué à Gaza en 2004. Haifa, au centre Isha
Au cours de cette soirée nous avons pu entendre le témoignage d’une jeune femme profondément marquée par son passage dans l’armée israélienne et qui milite dorénavant pour la paix. De plus en plus de femmes rejoignent le mouvement. Suite à cette rencontre riche et porteuse d’espoir, je souhaite organiser une audition des Combatants for Peace au Parlement Européen.
A Jérusalem ce sont des militantes de B’Tselem (Centre pour les Droits Humains dans les territoires occupés) qui nous ont fait part de leurs actions de solidarité avec les Palestiniens, de même que des membres de CCDPRJ (Coalition pour la défense des droits des Palestiniens à Jérusalem).
L’accès à la bande de Gaza nous ayant été refusé, l’association de jeunes palestiniens Pyalara a organisé pour nous une visio-conférence qui nous a permis de communiquer avec des jeunes garçons et filles de Gaza.
Dans un rapport en cours d’écriture, je donnerai davantage de précisions sur le déroulement de la mission et sur le contenu des entretiens.
Nous avions prévu de rendre visite à des familles de Jérusalem-Est expulsées l’été dernier de la maison où elles vivaient depuis plus de 30 ans, et qui depuis se sont installées sous des tentes sur le trottoir d’en face. Des colons juifs occupent maintenant leurs maisons. Le hasard a voulu que ce jour là, les militaires et policiers israéliens soient venus détruire le campement et chasser les familles Al-Ghawe et Hanoun (53 personnes dont 19 enfants sans abris). Expulsions de Palestiniens à Sheikh JarraNous avons manifesté notre désapprobation et notre solidarité avec les familles en nous interposant pacifiquement et en exprimant notre indignation face à cette expropriation, exemple flagrant de la discrimination subie par les palestiniens dit « citoyens arabes d’Israël ». Tous les médias arabes ont relaté l’affaire, Al Jazira en particulier… mais seuls les médias arabes.
Mes impressions sont ambivalentes : la situation s’aggrave, la colonisation s’accélère, le béton prolifère, de plus en plus de blocs d’habitations, de routes, de tunnels, de murs… J’ai eu beaucoup de mal à reconnaître des lieux que je connaissais, tant à Hébron, où la violence de l’occupation est toujours extrême, qu’à Jérusalem où de nombreuses maisons arabes sont rasées. Cependant, les témoignages des femmes israéliennes nous laissent penser que depuis l’agression contre Gaza, la société israélienne est ébranlée et que l’absurdité du système commence à être perçue comme une impasse.