L’émissaire américain William Fraser a réuni pendant près de trois heures à Jérusalem le Premier ministre palestinien Salam Fayyad et un conseiller du ministre israélien de la Défense Ehud Barak, Amos Gilad.
M. Fraser est chargé de superviser l’application de la Feuille de route, un plan de paix international lancé en 2003, mais resté depuis lettre morte.
Israël s’est engagé dans ce plan à prendre des mesures pour "normaliser la vie des Palestiniens" en levant des restrictions que son armée impose en Cisjordanie occupée et à geler la colonisation, alors que les Palestiniens se sont engagés à "mettre fin à la violence et au terrorisme".
Les Etats-Unis ne cachent pas leur agacement devant le refus persistant d’Israël de lever des barrages et de geler la colonisation. Lundi, Washington avait déploré la relance de la construction de logements dans la colonie de Givat Zéev, près de Jérusalem.
"Nous avons examiné pourquoi des engagements pris par les parties n’ont pas été respectés et dans quels domaines", a annoncé un communiqué officiel américain publié au terme de la rencontre.
Les discussions ont été "cordiales mais franches", a ajouté le communiqué, usant d’une formule diplomatique habituellement employée pour faire état de divergences.
Selon un responsable israélien, la délégation américaine a exprimé des réserves sur "l’opportunité" de la liquidation de quatre activistes palestiniens par une unité spéciale israélienne mercredi en Cisjordanie, "tout en reconnaissant le droit d’Israël à se défendre".
Elle a aussi émis des critiques sur la poursuite de la colonisation par les autorités israéliennes, a-t-il ajouté sous couvert de l’anonymat.
Dès jeudi, un diplomate, proche des discussions israélo-palestiniennes, avait reproché à Israël "de ne pas respecter tous les engagements pris en vue de faciliter la vie quotidienne des Palestiniens en Cisjordanie".
"Le président George W. Bush a fait explicitement référence à la question des barrages routiers et des avant-postes", avait-il dit sous couvert de l’anonymat, en référence aux colonies sauvages qu’Israël a promis de démanteler, mais qui sont toujours en place.
Paradoxalement, la chef de la diplomatie israélienne Tzipi Livni a elle-même critiqué la poursuite de la colonisation déclarant lors d’une conférence jeudi à l’université Harvard aux Etats-Unis : "Fondamentalement, je ne pense pas que cela aide" à faire avancer le processus de paix.
Un haut responsable israélien, cité par le quotidien Haaretz, s’était inquiété d’un mécontentement américain causé par le refus de M. Barak d’alléger la pression sur les Palestiniens.
M. Barak, dont la participation à la rencontre avait été pourtant annoncée par les médias, y était représenté par M. Gilad.
La rencontre tripartite a eu lieu alors qu’une trêve tacite des violences a été remise en cause jeudi au lendemain de l’élimination par l’armée israélienne de cinq activistes palestiniens en Cisjordanie.
Quatre roquettes ont été tirées vendredi depuis la bande de Gaza, dont deux ont atteint le sud d’Israël, sans faire ni victime ni dégâts, selon l’armée.
Les négociations avaient été suspendues le 2 mars par le président palestinien Mahmoud Abbas pour protester contre une offensive israélienne dans la bande de Gaza, où plus de 130 Palestiniens avaient péri en une semaine. Cinq Israéliens, un civil et quatre soldats ont été tués durant la même période.
Et le 6 mars, un attentat dans une école religieuse à Jérusalem-ouest a coûté la vie à huit élèves tués par un Palestinien armé d’un fusil automatique.