En fin de compte, il ne s’agit pas d’une, mais de deux injustices faites au peuple palestinien. La première est liée à l’occupation israélienne, tandis que l’autre c’est cette chape de plomb qui lui est imposée. Un silence total ajouté à toutes les approches déséquilibrées, l’un et les autres légitimement frappés de suspicion. C’est ce qui, par ailleurs, amène à douter des intentions déclarées en d’autres circonstances. Pour ne pas laisser place à la moindre équivoque, toute lutte pour la liberté mérite soutien, mais il ne faudrait pas que la question palestinienne soit occultée et dévoyée. Là est une autre violence faite à ce peuple. Et la décision du Premier ministre israélien de légaliser trois colonies sauvages en Cisjordanie n’est qu’une déclaration de guerre, les Palestiniens attendant de lui une relance des négociations.
C’est l’objectif de leur démarche engagée auprès de lui le 17 avril, sa réponse étant attendue dans un délai de deux semaines. Pour la présidence palestinienne qui l’a condamnée, cette décision est « une réponse » à la lettre du président Mahmoud Abbas exigeant un gel de la colonisation pour reprendre les négociations de paix. Le négociateur palestinien Saëb Erakat a remis le 17 avril à M. Netanyahu une lettre de doléances de M. Abbas exigeant pour reprendre les négociations de paix une série d’engagements : discussions sur la base des lignes de 1967 « avec des échanges de territoire mineurs et mutuellement agréés », gel de la colonisation, libération des détenus palestiniens et retour à la lettre des accords signés. C’est donc une fin de non- recevoir adressée aussi au fameux Quartette qui persiste à vouloir exister et à relancer des négociations rendues hypothétiques par la colonisation israélienne, malgré le lourd handicap constitué par un engagement – le sien – de création d’un Etat palestinien en 2005 jamais tenu.
« Israël et l’Autorité palestinienne sont déterminés à parvenir à la paix », avait pourtant assuré un bref communiqué du Premier ministre israélien. La lettre en question visait, et cela était évident, à renvoyer la balle à M. Netanyahu et ne pas endosser un autre échec des pourparlers si jamais ceux-ci venaient à reprendre. Et très visiblement, il ne risque pas d’y en avoir avant longtemps. Ce qui devrait amener les Palestiniens à envisager d’autres voies de recours tout en excluant une dissolution de l’Autorité palestinienne, bien que, souligne son président, et à la suite « des actions entreprises par les gouvernements israéliens successifs, (elle) n’a plus aucune autorité ni réelle compétence dans les domaines politique, économique, social, territorial et de sécurité ».
Entre autres options envisagées par le président Mahmoud Abbas, celle qui consiste à relancer ses démarches pour l’adhésion à l’ONU d’un Etat de Palestine en cas de réponse défavorable, comme c’est déjà le cas avec au moins la poursuite de la colonisation. « Si cela ne se produit pas, l’Autorité palestinienne poursuivra sa stratégie concernant les démarches à l’Assemblée générale au Conseil de sécurité et dans les autres instances de l’ONU », avait alors déclaré l’émissaire de M. Abbas. Le pas a été franchi avec succès le 31 octobre 2011 au sein de l’Unesco, l’ONU, la maison mère, en quelque sorte, étant encore engluée dans ses règles de procédure au risque de commettre une injustice, gardant encore ses portes closes. Il est vrai qu’un vote majoritaire suffit.
Il n’y a pas de veto, même si c’est contre le bon sens Mahmoud Abbas, rappelle-t-on, y avait déposé le 23 septembre la demande d’adhésion de l’Etat de Palestine, bloquée depuis, faute de pouvoir compter sur le nombre de voix requis au Conseil de sécurité. M. Abbas pourrait cette fois solliciter l’Assemblée générale où la situation est autre. Si cela venait à se concrétiser, la lutte des Palestiniens prendrait une autre envergure. Tout, à vrai dire, devrait changer. Les Israéliens le savent, mais en tiendront-ils compte ?