La secrétaire d’Etat américaine Condoleezza Rice, le Premier ministre palestinien Salam Fayyad et le ministre israélien de la Défense Ehud Barak se sont retrouvés à Jérusalem pour une rencontre tripartite lundi 16 juin.
Ehud Barak et Condoleezza Rice, qui achève une visite en Israël et dans les territoires palestiniens, se sont entretenus de leur côté avant de retrouver Salam Fayyad pour la réunion dans un hôtel de Jérusalem.
Au programme des discussions figure notamment l’allègement des restrictions à la circulation en Cisjordanie. L’armée israélienne y maintient en effet plus de 600 barrages.
Condoleezza Rice a vu sa visite marquée par les polémiques sur la poursuite de la colonisation israélienne dans les territoires palestiniens. Or il s’agit là d’un des blocages qui empêchent tout progrès dans les négociations de paix, que Washington espère voir aboutir avant la fin 2008.
"Nous sommes en juin, et je pense qu’il va falloir travailler de plus en plus dur", a déclaré Condoleezza Rice dimanche en se référant à cette échéance. [1]
Et selon Le Temps, à Genève :
Condoleezza Rice hausse le ton face à Israël
« Sauver le processus de paix. » Tel est l’objectif affiché de la secrétaire d’Etat américaine Condoleezza Rice, qui vient d’entamer une tournée en Israël et dans les territoires palestiniens. Avant son arrivée, l’émissaire a déclaré que la poursuite de la colonisation de la Cisjordanie est « un vrai problème » et qu’elle « risque de porter atteinte » aux négociations israélo-palestiniennes en cours. Une réaction excédée - et inhabituelle - à l’appel d’offres que vient de lancer l’Etat hébreu en vue de la construction de 1300 appartements à Jérusalem-Est (la partie arabe de la ville sainte annexée en 1967).
Pour sa dix-septième tournée dans la région, la secrétaire d’Etat américaine rencontrera le chef du gouvernement israélien, Ehoud Olmert, et les ministres les plus importants. A Ramallah, elle s’entretiendra principalement avec le président palestinien, Mahmoud Abbas. Mais elle participera aussi à une réunion tripartite réunissant les négociateurs israéliens et palestiniens.
Car le temps presse. A huit mois de la fin du mandat de George Bush, le processus de paix lancé à Annapolis en novembre dernier n’a produit aucun résultat concret. Certes Ehoud Olmert et Mahmoud Abbas se rencontrent régulièrement. Quant à la ministre israélienne des Affaires étrangères, Tzipi Livni, elle a participé à une cinquantaine de réunions de travail avec l’ex-premier ministre palestinien Ahmad Qoreï (le dirigeant de l’équipe de négociation palestinienne). Mais tout cela n’a pas donné grand-chose, à part la vague promesse d’établir une sorte d’accord-cadre non contraignant pour les parties. Un document qui serait actuellement en cours de rédaction et qui se contenterait en réalité de reprendre les grandes lignes des Accords de paix d’Oslo (septembre 1993).
Chute attendue du gouvernement
A Jérusalem comme à Ramallah, les commentateurs n’accordent plus foi depuis longtemps à la déclaration de George Bush selon laquelle la paix sera conclue avant la fin de son mandat. Ils y croient d’autant moins que le Hamas, qui fêtait dimanche le premier anniversaire de son putsch dans la bande de Gaza, réitère son opposition à tout accord avec « l’ennemi sioniste ».
Quant au gouvernement israélien, sa vie ne tient plus qu’à un fil. En effet, à l’instar du Parti travailliste, la formation ultraorthodoxe Shass menace de voter mercredi en faveur d’un projet de loi dissolvant la Knesset. Ce faisant, ses ministres provoqueraient la chute immédiate du gouvernement et par conséquent l’interruption des négociations avec les Palestiniens pour une durée indéterminée. [2]
Pourtant, d’après el-Watan, on attend 40 000 nouveaux logements à Jérusalem dans les dix ans :
Que peuvent bien se dire Palestiniens et Israéliens, même dans le cadre d’une réunion tripartite incluant les Etats-unis, alors que les jeux semblent faits, sinon bloqués, par l’un des acteurs, engagé dans des actions unilatérales et du plus mauvais genre ? Absolument rien, même si les Etats-unis entretiennent encore l’espoir d’un règlement avant la fin de cette année, et surtout osant une critique du processus de colonisation israélien.
Il est vrai que ce n’est pas la première fois qu’Israël va à l’encontre de la volonté de son principal allié, mais ce qu’il a annoncé hier, est un refus catégorique de tout processus de paix. En effet, une commission israélienne de planification urbaine a approuvé le même jour, des plans de construction de 40 000 logements la prochaine décennie à El Qods, pour certains, dans des quartiers de colonisation du secteur oriental annexé. Ils ont été approuvé par la commission de planification urbaine d’El Qods qui relève du ministère de l’Intérieur, après l’avoir été par la municipalité. La même commission avait autorisé, la semaine dernière, la construction de 1300 logements supplémentaires dans le quartier de Ramat Shlomo, qui comprend déjà quelque 2000 unités d’habitation, dans la partie nord d’El Qods-est.
Plus de 200 000 Israéliens se sont installés dans une douzaine de quartiers de colonisation, construits dans le secteur oriental de la ville sainte depuis 1967, date de l’annexion.
Les Palestiniens, qui veulent en faire la capitale de leur futur Etat, estiment que la colonisation israélienne est le principal obstacle sur la voie de la paix. Quelques heures à peine avant que cette décision ne soit annoncée, la secrétaire d’Etat américaine, Condoleezza Rice exprimait son irritation à l’égard du projet de construction des 1300 logements. Mais tenait-elle à rassurer les Palestiniens en déclarant que les activités israéliennes de colonisation « n’affecteront pas les négociations sur le statut final d’un Etat palestinien et ses frontières définitives » ? « Aucune partie ne devrait prendre de mesure à ce stade, qui pourrait porter préjudice au résultat des négociations. Il doit être clair que les Etats-Unis considéreront que ces activités (de colonisation) n’auront pas de conséquences sur le statut final des négociations », a averti Mme Rice. « Le problème, c’est que depuis Annapolis, il y a eu un niveau d’activité (de colonisation) qui soulève des questions et ils doivent y répondre », a-t-elle ensuite précisé, au cours d’une table ronde avec quelques journalistes.
Il s’agit des critiques les plus nettes exprimées par l’administration américaine face à la poursuite de la colonisation israélienne depuis la réunion internationale d’Annapolis, fin novembre. Mais n’est-ce pas trop peu et même trop tard pour une administration sur le départ, c’ est sur quoi joue justement Israël pour ne souscrire à aucun engagement, ou encore se dérober et mener ses actions unilatérales ? Mme Rice a averti les Israéliens que les projets et les nouvelles constructions dans les colonies, qui se sont multipliés ces derniers mois, « ne préoccupaient pas seulement les Palestiniens et les pays voisins, mais aussi l’Europe ».
Premier à l’avoir signalé, et il sait de quoi il parle, le président palestinien, Mahmoud Abbas a, de son côté, estimé, lors de la conférence de presse, que la colonisation israélienne représentait « le plus important obstacle dans le processus de paix ». officiellement, et c’est sur cette légalité que s’appuient les Palestiniens, la communauté internationale, y compris les Etats-Unis, n’ont jamais reconnu l’annexion d’El Qods-est. C’est dans un tel contexte que devait se tenir hier, une réunion trilatérale avec le Premier ministre palestinien Salam Fayyad, le ministre israélien de la Défense, Ehud Barak et Mme Rice, pour discuter plus particulièrement des barrages policiers israéliens en Cisjordanie. Certains appelleront cela des signes de détente, ou encore de confiance, et après que dira -t-on ? Là est l’essentiel. Les Palestiniens ne cessent-ils pas de le répéter. En attendant la prochaine explosion ?
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