Cinq Palestiniens ont été tués lors de raids pour retrouver trois Israéliens kidnappés
Le bilan humain de l’opération militaire israélienne " Gardiens de nos frères ", qui consiste à quadriller une partie de la Cisjordanie pour tenter de retrouver les trois jeunes Israéliens enlevés le 12 juin, s’alourdit : avec deux nouvelles victimes, dimanche 22 juin, l’une à Naplouse, l’autre à Ramallah, ce sont cinq Palestiniens qui ont été tués par des tirs de l’armée israélienne en une semaine.
Les soldats israéliens concentrent leurs recherches dans la région d’Hébron, tout en se livrant à des incursions dans d’autres villes palestiniennes, comme Naplouse, Jénine et Ramallah, fouillant systématiquement les maisons, mais aussi les caves, entrepôts et grottes, lesquelles sont nombreuses dans les collines entourant Hébron. Dix jours après le lancement de ces opérations, force est de constater que les Palestiniens les assimilent à une " punition collective ", alors que l’arrestation de plus de 350 " suspects " – la plupart membres du Hamas – n’a pas permis de remonter la piste des ravisseurs.
Aucune revendication crédible n’a été rendue publique et le doute s’installe, notamment chez les Palestiniens, mais aussi sous la plume de plusieurs observateurs israéliens, quant à l’identité des auteurs de cette action commando, qualifiée par certains experts de " professionnelle ". Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a très vite mis en cause la responsabilité du Hamas mais, comme l’a souligné Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne, " aucune preuve " n’a été présentée.
Des " preuves sans équivoque " seront bientôt apportées, a répondu M. Nétanyahou, qui a expliqué que les efforts pour retrouver les trois Israéliens impliquent " un certain degré de friction " avec la population civile. " Occasionnellement, a-t-il indiqué, il y a des victimes du côté palestinien, à la suite des activités d’autodéfense de nos forces. "
Les propos du premier ministre israélien ont suscité la colère de M. Abbas : " J’ai dit que l’enlèvement - des trois jeunes Israéliens - était un crime, mais est-ce que cela justifie le meurtre d’adolescents palestiniens de sang-froid ? Qu’a à dire M. Nétanyahou sur ces meurtres ? Est-ce qu’il les condamne ? "
Conséquences politiques
Alors que la plupart des capitales occidentales restent silencieuses, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a exprimé sa " préoccupation à propos du regain de violence, des arrestations de masse et des restrictions à la liberté de mouvement en Cisjordanie ". L’opération " Gardiens de nos frères " a aussi des conséquences politiques : M. Abbas est désormais sévèrement critiqué par le Hamas, mais aussi au sein de l’Autorité palestinienne, pour l’étroite collaboration entre forces de sécurité palestiniennes et israéliennes.
Au-delà de la diatribe de la députée arabe-israélienne Haneen Zoabi, pour qui " cette collaboration militaire est une trahison du peuple palestinien ", la colère populaire s’est exprimée dimanche, lorsqu’une foule de jeunes Palestiniens a attaqué un poste de police du centre de Ramallah, obligeant les policiers palestiniens à ouvrir le feu (sans faire de victimes) pour disperser les manifestants.
Laurent Zecchini