"Le commandant militaire est dans l’obligation d’assurer aux résidants le droit d’accéder à leur terre et de la cultiver. Ce droit de libre accès à la terre n’est pas subordonné à un quelconque permis". (Lu sur le site internet de l’Administration de la zone tampon)
Qu’en est-il en réalité ?
Le village de Hirbat Asla, du district de Qalqilia, possédait 6000 dunams (600 ha) de terre avant l’édification de la Clôture. Désormais 70% de la terre se retrouve à l’ouest de la clôture (du côté "israélien" ou "zone tampon" selon la dénomination en vigueur).
Il existe un portail destiné aux agriculteurs dans la clôture, à un kilomètre à l’ouest de la route qui mène du village aux champs. C’est par ce portail, situé loin des terres agricoles et inaccessible aux tracteurs et à tous véhicules, que les agriculteurs sont censés accéder à leur terrain.
Les habitants doivent donc parcourir le chemin accidenté et rocailleux à pied ou à dos d’âne, et, dans la pratique, sont dans l’impossibilité de s’occuper de leurs oliviers.
Les militaires n’autorisent pas les jeunes à franchir le portail d’accès aux champs, s’ils ne sont pas accompagnés de personnes plus âgées. Les enfants n’ont pas le droit d’aider leurs parents après l’école.
La majorité des détenteurs de permis sont des propriétaires terriens, possédant des justificatifs. Malgré cela on leur délivre des permis saisonniers, et non annuels. Un propriétaire a droit à un seul autre permis saisonnier, réservé à un membre de sa famille au premier degré. Un ouvrier agricole ne peut pas obtenir de permis.
Les fermiers ont le droit d’accéder à leur terre et de la cultiver, mais le commandant militaire censé assurer ce droit a décidé que le portail serait ouvert trois fois par jour : une heure le matin, une demi-heure à midi, et une demi-heure l’après-midi. S’il ouvre effectivement comme prévu, il ferme bien avant l’heure annoncée. Les soldats font passer les personnes présentes et referment au bout de quelques minutes.
(Extrait d’une lettre adressée au responsable de l’Administration Civile et au Conseiller juridique de Judée Samarie par l’équipe de Machsom Watch pour la zone tampon)
Hirbat Asla n’est pas un cas isolé. Il y a 31 portails dans la clôture, correspondant à la nomenclature suivante :
– 16 portails saisonniers ouvrant à des périodes agricoles spécifiques. Pour la récolte des olives, par exemple, le portail ouvre d’une semaine à trois mois.
– 10 portails quotidiens ouverts toute l’année, deux à trois fois par jour, pour un quart d’heure chaque fois.
– 3 portails assurant "le tissu de la vie", ouverts toute l’année, 12 heures par jour. Ils font généralement communiquer les deux parties des villages traversés par la clôture, ou des villages avec leur terre dont l’essentiel est à l’ouest du portail.
– 2 portails permettant l’accès d’une ou plusieurs familles à des maisons qui se trouvent maintenant à l’ouest de la clôture.
Le portail du check point est ouvert, mais peu de personnes s’y risquent. Les gens ont peur de se voir confisquer leur permis parce qu’ils ne sont pas repassés le même jour ou par le même point de passage. Les permis sont valables de 5h à 19h. Mais ce portail n’ouvre que deux fois par semaine, et ferme à 15h. (A’anin 27.8)
Crainte de se faire confisquer le permis. (A’anin 6.8)
Ces derniers temps les militaires confisquent des permis. (A’anin 23.8)
Seules huit personnes sont passées ce matin, et sept sont déjà revenues. Elles ont appris qu’un permis a été confisqué, et tous ceux qui attendaient devant le portail ont fait demi-tour et sont rentrés chez eux.
Le commandant Menahem Lieberman, juge militaire, a condamné trois jeunes du village de Ketana pour "avoir quitté la zone sans permis" (c’est-à-dire pour avoir pénétré sur un terrain réquisitionné par Israël pour la construction de la Clôture de Sécurité), et leur a infligé une peine de 100 jours de prison + trois mois de liberté conditionnelle + une amende de 1000 shekels. Le père d’un des jeunes (âgé de 16 ans) a été autorisé à témoigner et a expliqué que la clôture que les jeunes ont franchie se situe sur leur terre, cultivée par leur famille depuis des générations. L’année précédente encore, il cultivait cette terre, désormais située au-delà de la clôture. Le juge a répondu que ce qui est en cause, ce n’est pas la clôture, mais l’entrée illégale en Israël. (Ofer tribunal militaire, 6.9)
Prière du Grand Pardon (Yom Kippour)
Rasmi Hatib, invalide, a été arrêté chez lui dans son village d’el-Powar et accusé d’avoir jeté un cocktail Molotov. Son père dit que, lors d’une audience précédente, le juge a interrompu le procureur, demandant comment cet invalide pouvait jeter une bouteille, lui qui est incapable de se servir de sa main pour les gestes du quotidien. Il a maintenant 19 ans et a été grièvement blessé il y a six ans par une balle tirée sur son école. Sa plainte contre les militaires suit son cours depuis six ans. Il a subi d’innombrables opérations et traitements médicaux pendant cette période, et conserve de graves séquelles physiques et mentales. Ses parents disent s’occuper de lui comme d’un petit enfant.
(Ofer tribunal militaire, 6.9)
“Ils n’iront pas prier à al-Aqsa, même s’ils ont 90 ans".
“Remercie-moi de ne pas appuyer sur la détente".
“Je suis l’armée, la police, la police de la frontière – tout".
Comme d’habitude un groupe de gens âgés attend patiemment, dans l’espoir incertain de pouvoir cette semaine participer à la prière du vendredi à al-Aqsa... A entendre le commandant du check point, il est évident que cet espoir ne sera pas exaucé. "Même à l’âge de 90 ans, personne n’ira à al-Aqsa sans permis", dit le commandant.
(Sheikh Saad, 17.8)
A 17h nous rencontrons plusieurs ouvriers du bâtiment, assis dans l’abri au nord de Qalandiya, à attendre leur transport pour rentrer chez eux.
L’un d’entre eux nous dit que chaque matin il arrive à Qalandiya à 4h30. A cette heure il n’y a qu’une file en service, et la queue atteint le parking. A 5h30 les autres files ouvrent, le passage s’accélère, et à 6h30 tout le monde est passé.
Ce groupe d’ouvriers se rend à l’un des chantiers de Modiin, et y arrive habituellement vers 9h du matin (bien que la journée de travail commence à 7h). Ils arrêtent le travail à 15h. S’ils rencontrent des problèmes et arrivent encore plus tard, ces ouvriers craignent d’être licenciés pour manque d’assiduité.
Ils retournent à Qalandiya à 17h, et ont encore deux heures de trajet avant de retrouver leur village dans la région de Naplouse. Un simple calcul montre qu’ils n’ont guère le temps de dormir, se relevant à 2h30 pour être à Qalandiya à 4h30. (Qalandiya, 5.8)