Si le Ramadan a débuté mercredi (12 septembre) en Libye et au Nigéria, la plupart des autres pays musulman en faisaient autant jeudi. Et si en Irak le Grand Ayatollah Ali al-Sistani a décrété que le mois saint commencerait vendredi pour les chiites, l’Iran qui habituellement se distingue a créé la surprise : le Ramadan y débute aussi jeudi cette année, comme dans la majorité des pays sunnites.
Dans les Territoires palestiniens, bouclés pour cause de Nouvel An juif, la scission entre la Cisjordanie et la bande de Gaza se poursuit pendant le Ramadan, mois qui marque le début de la révélation du Coran faite à Mahomet. Riad Malki, le ministre de l’Information du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, a demandé aux imams de ne pas faire de sermons politiques ou incendiaires pour l’occasion.
Dans le cas contraire, les imams seront renvoyés ou mis à la retraite, a-t-il prévenu. Le Fatah soupçonne le Hamas d’utiliser les mosquées contre leurs opposants politiques.
A Gaza, le dignitaire religieux Seleh al-Rekeb a jugé que ces instructions étaient irrespectueuses pour les imams et visaient à museler toute oppposition à la politique d’Abbas.
Le gouvernement de Cisjordanie (Fatah) a également annoncé qu’il empêcherait toute collecte d’argent pendant le Ramadan sans l’autorisation de son ministère des Affaires religieuses. Le ministre Jamal Bawatna a expliqué qu’il bloquerait les dons venus des pays arabes pour qu’ils n’aillent pas au Hamas.
Selon lui, le Hamas a remplacé le dernier responsable proche de Mahmoud Abbas au ministère des Affaires religieuses à Gaza pour s’attribuer tous les dons adressés aux mosquées de ce territoire.
Le Premier ministre démis par Mahmoud Abbas, Ismail Haniyeh, a assuré aux fidèles réunis dans une mosquée du camp de réfugiés de Shati, à Gaza, que son gouvernement l’emporterait : "Oui nous avons peu d’argent, et le siège nous asphyxie, et les frontières sont fermées, et la politique d’asséchement de nos ressources (...) se poursuit. Mais nous partagerons ce que nous avons pour rester dignes".
Et de lancer : "personne ne nous brisera avec une poignée de dollars".
Parallèlement, un groupe de militants palestiniens, les Comités de résistance populaire, a menacé jeudi Israël d’intensifier ses attaques pendant le mois du Ramadan : il compte envoyer "des messages de mort" à l’Etat hébreu en cette période de ferveur religieuse.
De son côté, hasard du calendrier, Israël fête le Nouvel An juif. Malgré le dialogue renoué entre le Premier ministre Ehoud Olmert et Mahmoud Abbas, l’Etat hébreu reste sous tension après les attaques à la roquette lancées depuis Gaza. La Syrie pour sa part l’accuse d’avoir mené une incursion dans son espace aérien la semaine dernière.
C’est dans cette atmosphère que les Israéliens ont commencé à célébrer Roch Hachana, avec les traditionnels quartier de pomme trempés dans le miel pour que l’année soit douce et prospère. Sur le marché en plein air de Jérusalem, beaucoup ne cachaient pas leur mécontement envers le gouvernement Olmert et leur lassitude du conflit avec les Palestiniens.
"Je ne pense pas que vous trouverez un Israélien optimiste", expliqué Ari Bouderhem, 47 ans, propriétaire du café Emi. "Ce n’est pas dans notre nature". Si les affaires se portent mieux que l’année dernière, quand Israël était en guerre contre le Hezbollah libanais, il prévoit des temps difficiles et "peut-être une guerre". AP