Vendredi 23 septembre au cinéma La Scala le groupe AFPS de Thionville a animé la discussion après l’unique projection du film israélien de Eran Kolirin "Et il y eut un matin". Une bonne trentaine de spectateurs ont vu le film et sont restées pour échanger les points de vues.
Au regard des applaudissements de clôture la soirée a été trés intéressante.
Il y a été question du contexte culturel israélien et de l’opportunité du boycott. Sayed Kashua, l’auteur palestinien israélien du roman éponyme que le film adapte, qui s’exile aux USA en 2015 estimant avoir échoué à sensibiliser un public juif bien qu’ayant choisi d’écrire vingt ans en hébreu. Eran Kolirin, le réalisateur juif israélien, qui choisit de mettre en image l’apartheid imposé aux Palestiniens d’Israël mais accepte de faire allégeance à la charte culturelle israélienne pour bénéficier de l’aide du fonds israélien du cinéma. Des acteurs palestiniens qui dénoncent l’effacement de la présence palestinienne et les conditions du financement de son activité culturelle, seulement 3% des fonds culturels pour 20% de la population d’Israël.
Il y a bien sûr été question de ce que le film montre et ne montre pas et donc du bien-fondé, ou pas, du choix de l’AFPS Thionville d’en assurer la promotion.
Il a été question de l’oppression, de la suspicion, de la division, de la jalousie, de la fracture interne aux familles palestiniennes qu’engendre la réclusion. Le film laisse, volontairement ou pas, planer l’ambiguïté sur la localisation et le spectateur peu informé hésite à situer l’action en Israël ou en Cisjordanie occupée et se demande qui sont ses voyous en grosses voitures, qui sont les Dafaouis.
Il y a été aussi question de la quasi absence de l’occupant, de sa réduction au portrait d’un soldat adolescent gêné par son arme, d’un mur qui vient d’on ne sait où, d’une porte qui s’ouvre comme par enchantement.
Du pessimisme ou de l’optimisme ambiant qui se dégage.