Alors que des milliers d’élèves palestiniens sont forcés chaque jour de faire un détour d’une dizaine de kilomètres pour rejoindre leur école, les dealers ont trouvé un moyen simple de faire passer la marchandise. Les trous qui laissent s’écouler l’eau de pluie sont trop petits pour un être humain, mais suffisants pour y passer la main.
« Ce n’est pas le seul moyen pour vendre la drogue », confie à l’AFP Zoher (prénom d’emprunt), 36 ans. Selon lui, « les services de la poste offrent également des facilités, grâce à la location de boîtes postales où la drogue est laissée au client ».
« De plus en plus de Palestiniens, particulièrement des jeunes, consomment des pilules d’ecstasy, du LSD, vendu à la sortie des écoles, et des drogues traditionnelles, haschisch et marijuana », dit-il.
Selon lui, il y a quatre plaques tournantes à Jerusalem-Est : dans le quartier d’el-Tur sur le mont des Éclaireurs, dans le camp de réfugiés de Shoafat, dans le faubourg d’al-Ram et à la porte de Damas dans la Vieille ville.
Eid, 40 ans, s’est spécialisé dans le « cristal », une drogue dérivée de la cocaïne. Il se vante d’avoir une « clientèle choisie » parmi des Israéliens fortunés, maintenant une discrétion de rigueur sur leur identité.
La drogue, arrivée en Israël en provenance du Liban, d’Égypte, de Jordanie, ou même d’Europe ou des Amériques, passe ensuite de Jérusalem en Cisjordanie occupée.
« Les trafiquants n’ont guère de difficultés pour passer leur marchandise, parfois tout près de barrages israéliens. Nous ne pouvons pas les arrêter en règle générale car ils habitent en zone sous contrôle israélien », affirme le colonel Fadel al-Alul, chargé au sein de la police palestinienne de la lutte contre la drogue en Cisjordanie. Il se plaint d’une « absence de coordination avec la police israélienne dans la lutte contre les trafiquants, au-delà de quelques rencontres ». Il reconnaît toutefois que la « police israélienne combat le trafic, mais le service de sécurité intérieur, Shin Beth, ferme les yeux en comptant se servir des trafiquants » comme informateurs.
À Jerusalem, l’un des passages utilisés par les trafiquants « est proche du barrage militaire de Shoafat », confirme Jihad Abou Znein, résidente du camp de réfugiés et représentante du Fateh au Parlement palestinien. Elle accuse les autorités israéliennes de fermer les yeux sur le trafic, dans l’intention, selon elle, de « corrompre l’esprit » des jeunes Palestiniens. Des responsables israéliens rejettent cette accusation, estimant que la toxicomanie n’a pas de frontière et que le trafic de drogue met autant en danger les Israéliens.
Selon une responsable du service des renseignements de la police israélienne à Jérusalem, Israël « fait tout pour lutter contre les drogues ».
En 2007, deux tonnes de marijuana et une tonne de haschisch ont été saisies (dont 42 % provenant d’Égypte), avec 136 kg d’héroïne venant d’Afghanistan à travers la Jordanie et le Liban, 36 kg de cocaïne, ainsi que de grosses quantités d’ecstasy et de LSD, précise-t-elle.
Le « mur », de plus de six mètres de haut, coupe 55 000 Palestiniens habitant les faubourgs de Jérusalem-Est des quelque 200 000 autres résidant dans la ville.
Présenté par Israël comme une « clôture antiterroriste », l’ouvrage doit s’étendre à terme sur plus de 650 km. Les Palestiniens le qualifient de « mur de l’apartheid », soulignant qu’il empiète sur la Cisjordanie, ce qui rend problématique la création d’un État palestinien viable.