[1] voir aussi, avec photos et vidéo, Libération :
Le Mossad accusé de l’assassinat d’un cadre du Hamas
L’assassinat en janvier de Mahmoud al-Mabhouh, cadre du mouvement palestinien Hamas, suscite toujours autant d’interrogations. Deux suspects palestiniens sont interrogés ce mardi à Dubaï, alors que le journal israélien Haaretz suggère que l’élimination pourrait être l’œuvre du Mossad, le service secret israélien.
Al-Mabhouh, 50 ans, avait été le responsable de l’enlèvement au début de la première Intifada palestinienne (1987-1993) de deux soldats israéliens qui ont ensuite été tués, ainsi que de la planification de plusieurs attentats anti-israéliens, selon le Hamas. Il s’était récemment vanté dans une vidéo diffusée par la télévision Al-Jazira d’avoir exécuté des soldats israéliens.
Commando de 11 personnes
Mahmoud al-Mabhouh a été tué le 20 janvier dernier à Dubaï par un commando, dont la rapidité et le professionnalisme ont été soulignés par le chef de la police de l’émirat, le général Dhafi Khalfan. Selon lui, onze personnes portant des passeports européens, dont une femme, sont impliquées dans l’assassinat.
L’équipe était composée d’une personne avec un passeport français, d’une autre avec un passeport allemand, de trois munis de passeports irlandais, dont la femme, et de six détenteurs de passeports britanniques. L’opération n’a pris que 24 heures.
Le général Khalfan a montré à la presse les enregistrements des caméras de surveillance, installées partout à Dubaï, montrant les arrivées et départs du membre du commando ainsi que des séquences sur leur présence dans l’hôtel où a eu lieu l’assassinat.
Le cadre du Hamas a été filé après son arrivée à Dubaï et le commando a réservé une chambre face à la sienne dans son hôtel. « Il a été étouffé après avoir reçu peut-être une décharge électrique », a expliqué le général Khalfan.
Le responsable de la police émiratie n’a pas « exclu une implication du Mossad ou d’autres parties dans l’assassinat ». Cette thèse a les faveurs du Hamas alors qu’Israël observe officiellement le mutisme sur l’affaire. Mais, selon les médias en Israël, c’est avant tout le fait qu’il était un pourvoyeur d’armes important pour le Hamas qui en aurait fait une cible potentielle pour le Mossad.
« Une méthode du Mossad », titre ainsi le quotidien Haaretz, qui tout en évitant de se prononcer sur l’appartenance du commando à tel ou tel service secret relève que les « préparatifs minutieux rappellent les actions du Mossad dans le passé ».
Selon le Daily Telegraph, des sources gouvernementales britanniques ont même indiqué que les détenteurs de passeports irlandais étaient en fait des agents du Mossad. Les médias soulignent tous les difficultés nouvelles qu’affrontent des services secrets du fait de la présence de caméras de surveillance qui risquent de démasquer leurs membres.
De fait, la publication des photos des 11 membres du commando - même grimés - risque de compromettre leurs futures activités.
Le service secret israélien avait déjà mené des opérations spectaculaires d’assassinat de dirigeants palestiniens à l’étranger, dont le bras droit du dirigeant historique Yasser Arafat, Abou Jihad, en avril 1988 lors d’un débarquement à Tunis, et le chef de l’organisation radicale du Jihad islamique Fathi Chakaki en octobre 1995 à Malte.
Mais il s’agit là du premier assassinat d’un responsable palestinien aux Émirats arabes unis, qui n’entretiennent pas de relations avec Israël. Les noms figurant sur les passeports ont donc été transmis à Interpol pour obtenir des mandats d’arrêt.
Dhafi Khalfan avait aussi déclaré le 5 février au quotidien The National d’Abou Dhabi qu’il n’hésiterait pas à lancer un mandat d’arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s’il s’avère que le Mossad était responsable de l’assassinat. Le Hamas est considéré par Israël et les pays occidentaux comme une « organisation terroriste ».
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