Alors que ces deux phénomènes sont séparés, il y a des gens qui, par manque de connaissance ou de compréhension, ou dans des intentions idéologiques, essaient d’installer la confusion entre les deux.
Il y a dans toute la région une augmentation réelle du soutien de l’opinion aux partis politiques islamiques. La plupart de ces expressions politiques de l’Islam ne sont engagées dans aucune activité violente.
En parallèle il y a aussi une augmentation de l’activité de groupes violents qui utilisent l’Islam comme prétexte pour justifier leurs pratiques illégales et pour gagner de la popularité. Al-Qaida est l’exemple parfait de cette dernière catégorie alors que des partis comme les Frères musulmans en Egypte ou le Front d’Action islamique en Jordanie sont des exemples de la première.
Pour bien comprendre, il est important de faire la différence entre les deux.
Etant donné l’augmentation spectaculaire du soutien de l’opinion à ces deux types de groupes islamiques, il est impératif que toute personne qui est préoccupée par ces développements regarde au delà des simples activités de ces groupes, qu’ils soient politiques ou violents. Nous devons essayer d’analyser les conditions socio-économiques et politiques qui sont responsables de cette augmentation de popularité et pourquoi, en conséquence, leurs activités diffèrent.
L’on fait souvent la remarque que les personnes engagées dans le terrorisme viennent d’un large éventail de milieux socio-économiques. Cette vérité ne doit pas cacher l’évidence, reprise par de nombreuses études crédibles, que les groupes violents établissent en général une base populaire dans des environnements spécifiques caractérisés par la pauvreté, la détérioration de la situation économique, l’injustice et l’oppression.
Le cas de le Palestine est compliqué par le fait qu’il n’y a pas que des dynamiques internes en jeu. Pour comprendre l’augmentation régulière du soutien aux groupes islamiques en Palestine, il nous faut comprendre à la fois les dynamiques socio-économiques et de politique interne et aussi les dynamiques externes qui concernent la conduite d’Israël, qui reste un facteur d’importance dans les dynamiques internes palestiniennes, et l’attitude des membres concernés de la communauté internationale, notamment les Etats-unis.
La force du Hamas en Palestine qui a mené à sa victoire dans des élections libres et démocratiques n’est pas une nouveauté. Il s’agit d’un processus cumulatif systématique que l’on a vu clairement dans diverses études et sondages de l’opinion publique. Cela a été un processus authentiquement palestinien qui n’a pas été influencé par des groupes politiques islamiques ou des groupes terroristes islamiques à l’extérieur de la société palestinienne et du contexte palestinien.
Ce contexte est bien connu. Le succès du Hamas vient de la faillite du précédent gouvernement et de l’OLP a apporter des solutions politiques et économiques.
La consolidation constante de l’occupation israélienne face à la position pacifique et politique d’une direction palestinienne prête à un compromis, et la décision parallèle d’Ariel Sharon, soutenu par les Etats-unis, d’ignorer cette direction palestinienne, ont convaincu l’opinion palestinienne de se tourner vers la seule alternative.
De plus, l’échec du gouvernement palestinien, favorable au processus de paix, à faire face aux difficultés économiques imposées par les bouclages israéliens et l’expansion des colonies, a amené l’opinion publique à se détourner de cette direction et à chercher une alternative.
Il n’y a aucune preuve -que ce soit de la part des services de renseignements ou de sources politiques- de la présence d’une influence politique externe, non palestinienne ou de la présence d’al-Qaida, par exemple, en Palestine. Essayer de détourner l’attention dans cette direction n’est que la tentative de certaines personnes d’échapper à leur responsabilité dans ce qui est arrivé et de faire porter le blâme sur des croque-mitaine inexistants.
Cependant, si le Hamas échoue à tenir sa promesse au public, et avec la continuation de l’occupation israélienne actuelle et des positions et comportements américains qui empêchent toute solution politique et toute relève économique, cela pourrait dans l’avenir créer un environnement favorable à l’apparition en Palestine de groupes plus extrémistes, notamment à Gaza
En ce moment, ce que nous voyons en Palestine ce sont des expressions authentiquement palestiniennes de frustration due à la fois à la direction palestinienne et à ses alliés internationaux.