« On a fui les problèmes au Liban et en Syrie car nous n’avions pas de droits, et on retrouve les mêmes problèmes ici en Guyane », regrette Fadi, qui depuis 20 jours dort sur les trottoirs de Cayenne comme dix autres « célibataires », faute de places d’hébergement. « On cherche une vie heureuse c’est tout », a-t-il ajouté.
Une cinquantaine de réfugiés palestiniens, venus du Liban et de Syrie, dont 22 enfants, sont arrivés ces dernières semaines en Guyane, après 5 mois de voyage, et ont demandé l’asile politique, a constaté l’AFP.
« Nous sommes passés tout le temps de manière illégale par l’Éthiopie, le Brésil, Lima, l’Équateur », puis sur le fleuve Amazone, explique Nivine, 36 ans, réfugiée palestinienne depuis onze ans dans le camp d’Aïn el-Héloué, dans le sud du Liban, avec son mari et ses trois enfants.
« Un passeur nous a dit +je peux vous envoyer par groupes en Espagne par l’Équateur+ », raconte Mohamad, diplômé en business et management qui a payé
7 200 euros pour ce voyage entamé en février depuis Aïn el-Héloué, camp le plus peuplé du Liban qui abrite 70 000 réfugiés. « On a collecté cet argent grâce à nos proches mais le passeur a été arrêté par la police », ajoute Mohamad, qui comme ses compatriotes est resté bloqué à Quito, capitale de l’Équateur.
Le groupe de 49 personnes qui compte des locuteurs français, espagnols anglais et portugais, et beaucoup de personnes qualifiées et diplômées a rejoint en juillet et août la porte d’entrée de l’Europe en Amérique du Sud : la Guyane française.
« Pas de droits » au Liban et en Syrie
« On ne veut plus passer par la Méditerranée car c’est trop dangereux », relate Wael Chabaita, dont deux amis sont morts noyés en Méditerranée. « On a fui les problèmes au Liban et en Syrie car nous n’avions pas de droits, et on retrouve les mêmes problèmes ici en Guyane », regrette Fadi, qui depuis 20 jours dort sur les trottoirs de Cayenne comme dix autres célibataires, faute de places d’hébergement. « On cherche une vie heureuse, c’est tout ».
Dans une vidéo consultée par l’AFP, lors d’une ronde de nuit, des policiers municipaux de Cayenne disent aux demandeurs d’asile de ne pas dormir sous le mobilier urbain de la ville mais « devant la préfecture », car « c’est l’État qui ne met pas en place les structures d’accueil ». Il n’existe aucun centre d’accueil pour demandeurs d’asile en Guyane.
Selon Benoît Renollet, directeur territorial de la Croix-Rouge, « les demandeurs d’asile sont hébergés à hauteur de 10% en Guyane contre 25% en métropole, on héberge en priorité les personnes vulnérables. »
Selon lui, la Guyane compte actuellement 1 500 demandeurs d’asile dont 320 hébergés. En 2016, la Guyane avait enregistré 70 demandes d’asile de réfugiés syriens, et 57 en 2017.
Parmi le groupe de Palestiniens, une famille et un homme seul ont déjà vu leur demande rejetée par l’office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra).
Le 11 septembre, à Beyrouth, des milliers de Palestiniens résidant au Liban et réfugiés de Syrie s’étaient rassemblés afin de réclamer « un asile humanitaire collectif » et dénoncer les conditions de vie dégradantes dans lesquelles ils sont obligés de vivre.