Certains diront que, au point où il en est, Abbas n’en est plus à un compromis près. Avant sa dernière rencontre avec Olmert, il a parlé de “crimes de guerre” à Gaza… puis s’en est allé enlacer le criminel.
Les représentants des Nations unies sur place publient communiqué sur communiqué pour rappeler la gravité de ce qui se passe dans la bande de Gaza, délibérément affamée et humiliée de mille manières. Cela dépasse probablement la définition juridique des crimes de guerre.
Le crime est donc connu du public. Toute manifestation d’affection exagérée entre ennemis est de trop. On justifie l’afféterie des responsables de l’Autorité palestinienne vis-à-vis des Israéliens par la nécessité de prouver à la diplomatie internationale que les Palestiniens ne sont pas des brutes.
Mais on parle aussi d’une cynique alliance implicite contre l’ennemi commun : le Hamas. Ajoutons la possibilité d’une affection de façade destinée à obtenir quelques allégements des conditions de vie des Palestiniens.
Mais aucune de ces justifications n’est satisfaisante. Ce qui est critiquable, c’est la gratuité de l’acte. Personne n’attend des Palestiniens qu’ils aiment leurs bourreaux. Comment demander à la communauté internationale de soutenir la cause palestinienne alors qu’il y a ces embarrassantes embrassades ?
Reste l’alliance contre le Hamas. Si elle doit exister, le prix sera élevé pour celui qui confond son propre camp, si divisé qu’il soit, avec celui d’en face. Les méfaits d’Israël s’étendent à tout le peuple palestinien. La preuve en est la punition collective infligée aux habitants de la bande de Gaza pour les tirs de roquettes du Hamas.
Juste avant la dernière rencontre entre Abbas et Olmert, ce dernier a annoncé la libération de 250 prisonniers palestiniens “pragmatiques”. Cela constitue une innovation dans le langage politique. Comment un prisonnier peut-il être pragmatique ? Cela signifie-t-il qu’il coopère avec l’occupant et qu’il respecte le système carcéral et ses gardiens ?