Si le président égyptien avait quelques craintes, il peut être rassuré. Son pays semblait avoir perdu la main. À l’initiative d’une paix avec Israël en échange du Sinaï occupé - ce qui avait coûté la vie à Anouar Al-Sadate -, l’Égypte avait été récompensée en étant considérée, notamment par les États-Unis, comme le pays médiateur du Moyen-Orient. L’étoile du Caire avait sensiblement baissé ces dernières années. Elle brille de nouveau, malgré quelques tentatives turques
ces derniers mois. De fait, il se passe beaucoup de choses dans la capitale égyptienne. Pas seulement des attentats.
aplanir les différends
C’est là que s’est formellement ouvert, hier (le 26 février), le dialogue interpalestinien, en présence d’une dizaine de groupes palestiniens, membres de l’OLP, ainsi que le Hamas. La veille, les deux principaux mouvements rivaux, le Fatah du président palestinien Mahmoud Abbas, et le mouvement islamiste Hamas étaient convenus d’aplanir leurs différends lors d’une réunion préparatoire. Après un round de discussions, les deux délégations avaient annoncé dans un communiqué commun s’être engagées à « régler » le dossier des détenus politiques et à arrêter les campagnes médiatiques visant à se détruire mutuellement. « L’Égypte espère que cette rencontre sera le - début d’une nouvelle ère marquant la fin de divisions qui ont trop longtemps duré », a lancé aux participants le chef des services de renseignement égyptiens, le général Omar Souleimane, grand ordonnateur de la réunion. « Le temps est venu pour nous de tourner la page une fois pour toutes », a-t-il dit, pour bien marquer l’importance de la participation égyptienne dans ce qui pourrait être un nouveau processus de réconciliation. Reste que les mécanismes ne sont pas très clairs, pas plus que les engagements politiques liant les différentes organisations, afin d’éviter les déboires de ces dernières années dont le peuple palestinien et son mouvement national font aujourd’hui les frais, humainement et politiquement.
La réunion d’hier devait décider la création de cinq commissions sur la question de la réunification, notamment sur les élections et les services de sécurité, mais également sur la réforme de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). Ces commissions devraient, selon le voeu du général Souleimane, être opérationnelles à partir du 8 mars. Difficile, pour autant, de savoir qui se présente en position de force. Le Fatah, qui bénéficie de l’appui des Occidentaux ? Le Hamas, qui peut tirer avantage de sa confrontation avec Israël - celui-ci prétendant le détruire - et affirmant maintenant une présence incontournable ? La partie est délicate pour les organisations. Encore plus pour le peuple palestinien. À terme, c’est bien sûr sa représentation qui est en jeu et, au-delà, sa capacité à peser sur ce qui va se passer dans les prochains mois, voire les prochaines années.
Parce qu’en face, côté israélien, c’est l’extrémisme de droite qui est sorti des urnes. Même si nul boycott n’est en vue par ces mêmes pays occidentaux qui avaient puni les Palestiniens pour leur vote Hamas, il est évident que l’unité palestinienne sera tout juste suffisante pour faire face au rouleau compresseur colonisateur qui risque de passer la vitesse supérieure. De nombreux observateurs ont ainsi fait remarquer que, pendant que les F16 et les hélicoptères Apache israéliens déversaient leurs bombes sur Gaza, dans l’ombre le mur continuait à diviser la Cisjordanie en bantoustan, les colonies progressaient, les assassinats ciblés se multipliaient, alors que les check-points étaient toujours aussi verrouillés.
Lundi doit s’ouvrir une conférence internationale pour l’aide à la reconstruction de la bande de Gaza, à Charm el-Cheikh, en Égypte toujours. Le premier ministre palestinien, Salam Fayed, a déclaré qu’il demanderait 2,8 milliards de dollars. Nicolas Sarkozy fera le déplacement. Est-ce qu’un pays va demander des dommages et intérêts à Israël pour les destructions occasionnées à Gaza ?