Les factions palestiniennes devraient se retrouver prochainement au Caire pour une troisième et ultime session de négociations destinées à aplanir les dernières divergences en vue d’une réconciliation nationale, ouvrant la voie à la formation d’un gouvernement d’unité réunissant les frères ennemis du Fatah et du Hamas. Le dialogue devrait se poursuivre « jusqu’à ce que l’on puisse tourner la page des divisions et du conflit interne (...) », a affirmé dimanche le président palestinien et chef du Fatah, Mahmoud Abbass. Les deux factions rivales participent depuis le 10 mars au Caire à des réunions en vue de la formation d’un gouvernement « d’entente nationale », susceptible de mettre un terme à la partition de facto entre la bande de Gaza, aux mains du Hamas, et la Cisjordanie, administrée par l’Autorité palestinienne du président Mahmoud Abbass. Ce dialogue a été suspendu le 19 mars, en raison de désaccords sur la composition et le programme de ce futur cabinet.
La douzaine de groupes palestiniens participant au dialogue sont d’accord sur le principe d’un gouvernement d’entente nationale, qui serait chargé d’organiser des élections législatives et présidentielle avant le 25 janvier 2010, mais pas sur sa nature. Selon un membre du Comité central du Fatah, Nabil Chaath, la plupart des problèmes du dialogue ont été réglés. « Nous avons traité 85 % des problèmes », a-t-il dit. Wassil Abou-Youssef, secrétaire général du petit Front de Libération de la Palestine (FLP), a pour sa part déclaré que les négociateurs doivent trancher, avant l’expiration de la date prévue avannt fin mars, entre les partisans d’un gouvernement politiquement représentatif et ceux d’un cabinet purement « technique ». L’Egypte et les pays occidentaux pressent les Palestiniens d’adopter la seconde solution pour mettre fin au plus tôt au blocage du processus de paix et hâter la reconstruction de la bande de Gaza, après l’offensive israélienne dévastatrice de janvier et février derniers. Les délégués des différentes factions devraient aussi régler la question du nouveau système électoral. Selon des délégués, toutes les factions, sauf le Hamas, sont en faveur d’élections à la proportionnelle.
Obtenir le plus grand soutien international
La tâche des factions palestiniennes pourrait toutefois être compliquée par les positions des pays occidentaux, notamment les Etats-Unis, envers la formation d’un gouvernement d’entente où participerait le Hamas. L’Egypte avait dépêché, la semaine dernière, son chef des services de renseignements, Omar Souleimane, homme-clé des négociations interpalestiniennes, et son chef de la diplomatie, Ahmad Aboul-Gheit, respectivement à Washington et à Bruxelles pour tenter d’obtenir le plus grand soutien international possible à ce gouvernement. Mais ils ne semblent pas avoir réussi dans leur mission. M. Souleimane a rencontré plusieurs hauts responsables américains à Washington, notamment la chef de la diplomatie, Hillary Clinton, l’émissaire spécial pour le Proche-Orient, George Mitchell, ainsi que le secrétaire d’Etat adjoint par intérim chargé du Proche-Orient, Jeffrey Feltman. Selon un responsable égyptien ayant requis l’anonymat, M. Souleimane cherchait à obtenir un assouplissement de la position de Washington envers le Hamas, afin que le mouvement islamiste puisse participer à un gouvernement palestinien internationalement reconnu. De son côté, M. Aboul-Gheit a rencontré divers responsables européens, dont le Haut représentant de la politique étrangère de l’Union européenne, Javier Solana.
Les Etats-Unis ont réitéré, après la visite de M. Souleimane, leur position sur la nécessité pour le Hamas de « s’engager » à respecter les principes du Quartette, avant que Washington puisse reconnaître un gouvernement palestinien d’union comprenant des ministres du mouvement radical. Le Quartette « a de façon répétée appelé à un gouvernement palestinien d’union qui s’engage à la non-violence, à reconnaître Israël et à accepter les accords et obligations passés », a déclaré un responsable du département d’Etat ayant requis l’anonymat. « D’après ce que nous comprenons, c’est également l’opinion de l’Egypte et de la Ligue arabe », a-t-il ajouté. Lors de sa visite le 4 mars en Israël, Mme Clinton avait affirmé que son Administration refuserait de travailler avec un gouvernement palestinien comprenant le Hamas si ce dernier ne reconnaissait pas Israël et ne renonçait pas à la violence. « S’il y a un gouvernement d’union comprenant le Hamas, alors nous attendons du Hamas qu’il respecte les principes posés par le Quartette », a-t-elle dit.
Le Quartette pour le Proche-Orient (Etats-Unis, Russie, Onu et Union européenne) refuse de discuter avec le Hamas, exigeant qu’il reconnaisse Israël, renonce à la violence armée contre l’Etat hébreu et accepte les précédents accords de paix signés entre Israéliens et Palestiniens. Le Hamas rejette ces conditions.
Lors des élections législatives palestiniennes de janvier 2006, le mouvement islamiste avait remporté la majorité au Conseil législatif palestinien. Elu haut la main un a
n plus tôt, le président Mahmoud Abbass avait alors nommé un gouvernement d’unité dirigé par un dirigeant du Hamas, Ismaïl Haniyeh. Mais celui-ci avait été boycotté par les pays occidentaux. Lorsque le Hamas a pris le pouvoir par la force en juin 2007 à Gaza, le président Abbass avait démis Haniyeh et nommé un nouveau gouvernement, dirigé par Salam Fayyad, économiste apprécié des Occidentaux. Fayyad a annoncé qu’il démissionnerait à la fin mars pour laisser place au nouveau gouvernement d’unité, censé émaner des pourparlers du Caire.