Les négociations d’ Oslo menées secrètement en Norvège parallèlement aux négociations officielles de Washington, ont amené au premier accord jamais signé entre Israël et la direction palestinienne. Pourtant on ne peut analyser Oslo comme un accord mais plutôt comme un processus comportant 5 accords, leur mise en application ainsi que les relations complexes et les nouvelles réalités que cela créa.
A l’époque, la majorité des Palestiniens a perçu de façon positive la Déclaration de Principes (DOP), qui fut signée à Washington en 1993. Cela essentiellement parce que ça impliquait la reconnaissance de l’OLP comme représentant du peuple palestinien et promettait le retour de la direction palestinienne dans les territoires palestiniens occupés afin d’y établir la première Autorité palestinienne.
Ensuite, la DOP fut considérée par les Palestiniens comme une étape transitoire vers la fin de l’occupation. Elle stipulait 3 phases du redéploiement de l’armée israélienne de tout le territoire occupé à l’exception de Jérusalem -est et des colonies dont on devait négocier, comme la question des réfugiés, au bout de trois ans. Les Palestiniens voyaient aussi comme une percée qu’Israël reconnaissait la question des réfugiés et celle de Jérusalem comme négociables.
Mais le soutien massif de l’opinion publique à Oslo et à la direction qui avait négocié et signé l’accord ne dura pas longtemps. Rapidement des sondages d’opinion et d’autres indicateurs montrèrent une courbe descendante de l’enthousiasme pour l’un et l’autre. Il y avait à cela de nombreuses raisons évidentes.
Un processus supposé amener la fin de l’occupation n’arrivait même pas à cacher les signes mettant en évidence, bien au contraire, la consolidation de l’occupation. L’insistance israélienne pour poursuivre la confiscation de la terre palestinienne et étendre les colonies juives illégales, que ce soit sous le gouvernement travailliste ou sous le Likoud, multipliant par deux le nombre de colons dans les territoires occupés, a entraîné dans l’opinion palestinienne et chez les dirigeants de plus en plus de doutes sérieux sur Oslo.
En même temps, l’échec du processus pour limiter les pratiques de l’occupation s’accompagnait de piètres résultats quant à la gouvernance de l’Autorité palestinienne. Et en plus de sa mauvaise gouvernance, la manière dont Oslo avait rendu la direction palestinienne dépendante d’Israël, économiquement, administrativement et structurellement, eut un impact majeur sur la politique intérieure palestinienne. Ces deux facteurs eurent des conséquences particulièrement négatives sur le soutien apporté à ceux qui étaient responsable du processus.
Ceci a donné une occasion, dont il s’est saisi, au principal groupe d’opposition, le Hamas, qui a intensifié ses attaques contre Israël et ses attaques politiques contre la direction palestinienne.
Cela a finalement abouti au déclin final du soutien au processus d’Oslo et à la direction qui l’appuyait. Et, enfin, à la radicalisation de l’opinion et à un déplacement dans l’équilibre du pouvoir qui a culminé dans la victoire du Hamas aux élections de 2006.
Il est vrai que dans la mise en pratique des accords d’Oslo Israël a réussi à avoir le beurre et l’argent du beurre en même temps : il a récolté les dividendes de la paix —il a amélioré son image au niveau international, normalisé en partie ses relations avec la région et augmenté sa sécurité— tout en ne revenant pas sur l’occupation. Il est peut-être vrai aussi qu’Israël a réussi à coopter la direction palestinienne et à la rendre totalement dépendante d’Israël. Mais cette stratégie lui est revenu en pleine figure car elle n’a fait que renforcer le Hamas et à discréditer toute direction palestinienne modérée.