The Lancet, un journal scientifique britannique, collabore depuis maintenant trois ans avec des professionnels de la santé et des chercheurs palestiniens afin de recueillir des informations sur les effets des conditions de vie stressantes – faire face aux difficultés économiques et aux pénuries, aux restrictions à la circulation, aux tensions politiques et aux craintes d’attaques extérieures- et vient de publier ses dernières conclusions.
Les restrictions à la circulation constituent une source de contrariétés quotidiennes dans les Territoires palestiniens occupés (TPO). Outre les fouilles fastidieuses et humiliantes effectuées aux postes de contrôle, les résidents ne savent jamais combien de temps leur déplacement va prendre, ou s’ils pourront effectivement se déplacer. Cependant, en cas d’urgence médicale, ces restrictions peuvent être une question de vie ou de mort.
L’année dernière, les collaborateurs de The Lancet ont décrit de manière très réaliste la terreur ressentie par les femmes sur le point d’accoucher lors des raids de bombardement israéliens sur Gaza au début de l’année 2009. Ces femmes savaient qu’elles pourraient avoir besoin d’une aide médicale d’urgence alors qu’elles se trouvaient prisonnières chez elles pendant les attaques. Cette année, un autre chercheur s’est intéressé à ce qui arrive aux femmes dont l’accouchement a déjà commencé et qui se trouvent aux points de contrôle des TPO.
Halla Shoaibi, de l’université américaine d’Ann Arbor, estime que dans la période qu’elle a étudiée (2000-2007), 10 pour cent de Palestiniennes enceintes ont été retenues à des points de contrôle alors qu’elles se rendaient à l’hôpital pour accoucher. Cela s’est notamment traduit par une augmentation considérable du nombre de naissances à domicile, les femmes préférant éviter les déplacements routiers pendant l’accouchement de crainte de ne pas arriver à l’hôpital à temps.
Les craintes de ces femmes sont justifiées. Mme Shoaibi indique que 69 bébés sont nés à des points de contrôle au cours de ces sept dernières années. Trente-cinq bébés et cinq mères sont décédés, un résultat qu’elle assimile à un crime contre l’humanité.(...)