"Je pense que nous devons commencer à discuter avec le Hamas", a-t-il dit dans une interview lundi à Reuters. "On ne peut pas ignorer des gens qui ont le pouvoir. Il faut parler à ceux qui sont représentatifs, que vous aimiez ou non leurs idées."
Le mouvement islamiste Hamas, considéré comme un groupe terroriste par les Etats-Unis, a remporté les élections législatives palestiniennes de 2006, devançant le Fatah du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.
En juin 2007, il a pris par la force le contrôle de la bande de Gaza.
"Le Hamas et le Fatah doivent mettre fin à leur affrontement, agir ensemble et former un front commun", a déclaré Ahtisaari.
Pour lui, il n’est guère réaliste d’exiger du Hamas, avant de discuter avec lui, qu’il reconnaisse l’Etat d’Israël, qu’il renonce à la violence et qu’il respecte les accords déjà conclus entre Arabes et Israéliens.
"Je ne joue pas aux cartes mais je ne commencerais certainement pas une partie en disant ’eh, j’ai quatre as’", a dit l’ancien président finlandais.
"C’est dangereux d’exclure les gens. Regardez ce qui s’est passé en Algérie", a-t-il ajouté, faisant référence à la guerre civile des années 1990 dans ce pays après l’annulation des élections que les islamistes semblaient en passe de remporter.
"Je ne pense pas qu’on puisse parvenir à la paix si l’on tente d’éliminer ceux qui bénéficient du soutien de la population."
Prié de dire s’il pensait que le nouveau Premier ministre israélien, le très conservateur Benjamin Netanyahu, pouvait faire la paix avec les Palestiniens, Ahtisaari a rappelé l’exemple de Richard Nixon et Henry Kissinger avec la Chine.
En 1972, le président américain et son secrétaire d’Etat s’étaient rendus à Pékin, rompant avec la politique d’isolement menée depuis 1949 par Washington envers la Chine populaire.
"Je ne dis pas que Netanyahu est Nixon mais, pour faire un parallèle, ce serait idiot de dire que ce nouveau gouvernement israélien ne peut rien faire..."
Ahtisaari, président de la Finlande entre 1994 et 2000, a reçu le prix Nobel de la paix l’an dernier pour ses missions diplomatiques au nom de l’Onu au Kosovo, en Namibie et dans la province indonésienne d’Aceh.