Mercredi (5 août), ce sont surtout des débats acrimonieux qui ont dominé, sur fond de lourdes suspicions émises par nombre de délégués concernant le bilan, notamment financier, du Fatah depuis son dernier congrès en 1989.
Ces querelles, au-delà du prétexte, sont symptomatiques de l’état du mouvement palestinien, certes profondément divisé entre le Fatah et le Hamas, mais aussi entre militants du Fatah de Cisjordanie et des pays arabes voisins, souvent plus radicaux, entre la "vieille garde" proche de Mahmoud Abbas et la jeune génération, qui aimerait bien investir à son tour, à l’occasion de ce congrès, les organes dirigeants du mouvement, le comité central et le conseil révolutionnaire.
Ces divisions se sont exprimées de façon caricaturale avec le refus du Hamas de laisser quelque 400 délégués du Fatah quitter Gaza pour se rendre à Bethléem, mais aussi dans la virulente attaque lancée par Farouk Qadoumi, l’un des fondateurs du Fatah, contre Mahmoud Abbas, qu’il a accusé d’avoir comploté avec les Israéliens pour éliminer physiquement feu Yasser Arafat.
Surenchère des islamistes
La tâche du chef de l’Autorité palestinienne (que contrôle le Fatah) n’est donc pas aisée : considéré comme incontournable par les Américains et les Israéliens pour faire perdurer, cahin-caha, le processus de paix, Mahmoud Abbas est soumis à la surenchère permanente des islamistes du Hamas, qui restent dans une certaine mesure auréolés par leur résistance face à l’armée israélienne lors de la guerre de Gaza.
De son côté, M. Abbas ne peut guère se prévaloir d’avancées sur la longue route devant conduire à un Etat palestinien, et son insistance en faveur d’un règlement négocié du conflit a entamé sa crédibilité.
Cette position inconfortable, le chef de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) l’a exprimée à sa manière à Bethléem, en soulignant l’attachement des Palestiniens "à l’option de la paix et des négociations", ce qui n’exclut pas "le droit de recourir à la résistance légitime, garantie par la loi internationale".
Cette ambivalence, inhérente à l’histoire des négociations israélo-palestiniennes, oblige à un aggiornamento inconfortable : la "lutte armée" est mise en sourdine au profit de la notion de "résistance", plus vague. Pour autant, il n’est pas question de supprimer, dans la charte fondatrice, la vieille référence à la poursuite de la lutte armée "jusqu’à ce que l’entité sioniste soit supprimée et la Palestine libérée".
Une partie de la classe politique israélienne y verra la confirmation que rien de bon pour l’Etat juif ne peut sortir des négociations avec l’Autorité palestinienne.
En réalité, sous peine de perdre encore plus de terrain face au Hamas, notamment en Cisjordanie, le Fatah doit garder deux fers au feu. Le programme politique du mouvement, qui va être remanié, va être l’expression de cet exercice d’équilibrisme doctrinal.
Une chose est sûre : il n’est pas question de reconnaître Israël en tant qu’Etat juif, comme le demande Benjamin Nétanyahou, parce qu’une telle acceptation signifierait abandonner le droit au retour des Palestiniens qui ont été obligés de quitter la Palestine en 1948, pas plus qu’il n’est envisageable de reprendre des négociations tant que le gouvernement israélien n’aura pas mis un terme à toute forme de colonisation.