Le ministre israélien des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, a confirmé dimanche que son pays envisage d’annexer 1200 hectares de terres palestiniennes de Cisjordanie. Celles-ci sont situées entre les colonies de Maalé Adoumim (banlieue de Jérusalem) et de Keidar. Cette annexion créerait une implantation géante, l’Etat hébreu achevant l’encerclement des quartiers arabes de Jérusalem. Il couperait également la Cisjordanie en deux et allongerait le tracé du mur de séparation empêchant la création d’un Etat palestinien viable.
Pour l’heure, la confiscation de ces terres en est encore au stade de l’examen, mais la commission du Ministère de l’intérieur chargée du dossier a rendu une décision favorable en estimant entre autres que les répercussions politiques de l’affaire à l’étranger seraient « marginales ».
Pourtant, l’administration américaine a déjà fait connaître à plusieurs reprises son opposition à de telles confiscations ainsi qu’à l’agrandissement des colonies. A un mois de la première rencontre officielle entre Barack Obama et le premier ministre Benyamin Netanyahou, le « dossier des 1200 hectares » ajoute donc aux tensions nettement perceptibles entre Jérusalem et Washington.
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Fermeté sur le Golan
« Le gouvernement israélien donne l’impression de ne pas être dirigé. Chacun y fait ce qu’il veut et tire dans le sens de ses convictions pendant que Netanyahou laisse faire. Avigdor Lieberman se sent d’autant plus libre de s’y exprimer que la coalition soutenant Benyamin Netanyahou ne tiendrait pas la route sans la participation de son parti », affirme le chroniqueur Raviv Drucker. Qui poursuit : « A entendre les déclarations de certains ministres – plus particulièrement celles du chef de file de la diplomatie israélienne –, on se demande s’ils n’ont pas décidé de provoquer un choc frontal avec Washington. »
Ainsi, malgré les incitations américaines, Avigdor Lieberman a déclaré la semaine dernière à un journal autrichien qu’il refuse de s’engager dans des négociations de paix avec la Syrie « parce que ce pays soutient le Hezbollah […] et le programme nucléaire iranien ». Hier, le ministre a précisé sa pensée, affirmant qu’il serait prêt à reprendre les discussions interrompues depuis le départ d’Ehoud Olmert mais à la condition que Damas « ne fixe aucun préalable ni aucun ultimatum ».
Or, la Syrie exige précisément que ce processus débouche sur du concret, c’est-à-dire sur l’évacuation du plateau du Golan conquis par Israël en juin 1967 et annexé le 14 décembre 1981. En refusant d’envisager une telle issue au processus, le ministre israélien des Affaires étrangères bloque donc la reprise des pourparlers en tentant de faire croire le contraire.
Certes, au sein du gouvernement, le ministre de la Défense, Ehoud Barak, se montre plus ouvert. Il a d’ailleurs déclaré hier qu’Israël « à intérêt à normaliser ses relations avec la Syrie », mais le leader travailliste est moins influent que son homologue d’extrême droite.