Près de 400 membres du parti du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas ont défilé devant des centaines de personnes dans l’une des principales artères d’Aïn Héloué, le plus grand des 12 camps de réfugiés palestiniens au Liban, avec 45.000 habitants.
Les militants, tous en treillis, portaient des armes automatiques ainsi que des lance-roquettes.
Ils étaient suivis de deux véhicules militaires portant chacun deux canons antiaériens qui, depuis la fin de la guerre civile au Liban (1975-1990), n’avaient pas fait leur apparition dans une parade à l’intérieur des camps palestiniens.
Mounir Makdah, le chef du Commandement de la lutte armée palestinienne au Liban (Clap), qui joue le rôle de police dans les camps, a affirmé à l’AFP qu’il s’agissait "du plus important défilé militaire dans un camp palestinien depuis 1991".
A cette époque, la plupart des milices ont été démantelées et leur arsenal remis aux autorités libanaises en vertu des accords de Taëf (Arabie saoudite), qui avaient mis fin à la guerre civile.
Cette démonstration de force intervient dans un climat de tension dans le camp après la multiplication ces derniers mois des assassinats et des règlements de compte entre le Fatah et le groupe extrémiste Jound al-Cham.
Jound al-Cham est constitué de Libanais et de Palestiniens, sans hiérarchie claire et considéré hors-la-loi. Il a été impliqué dans des accrochages avec l’armée libanaise notamment en 2005 et tous ses membres sont recherchés par la justice libanaise.
"Que tout le monde sache qu’il est inacceptable de transformer le camp d’Aïn Héloué en un deuxième Nahr al-Bared", a ajouté M. Makdah, en référence au camp palestinien dans le nord du Liban qui avait été le théâtre en 2007 d’affrontements entre l’armée libanaise et le groupe radical du Fatah al-Islam.
Dans la soirée, M. Makdah a indiqué à l’AFP qu’un militant de Jound al-Cham, Mohammad al-Doukhi (alias Abou al-Jarrah), a été arrêté dimanche dans le camp de Aïn Héloué et remis à l’armée libanaise.
Des groupes islamistes sont depuis des années installés à Aïn Héloué, qui se situe dans la banlieue de Saïda, la grande ville du sud.
Les camps palestiniens au Liban sont considérés comme des poudrières. Des groupes extrémistes s’y sont implantés à la faveur de la misère qui y règne.
En septembre 2007, aux termes de combats qui avaient duré plus de trois mois, l’armée avait pris le contrôle de Nahr al-Bared. Les affrontements avaient fait plus de 400 morts, dont 168 soldats libanais.