Monsieur le Président,
Le Président du Conseil régional du Languedoc-Roussillon, Monsieur Georges Frêche, dans un entretien accordé le 5 mai dernier au journal « Midi Libre », a exprimé sa volonté de faire de l’Etat israélien le partenaire économique de la région. Il y présentait 4 projets allant dans ce sens, notamment l’implantation à Sète de l’entreprise israélienne Agrexco.
Agrexco, une entreprise détenue à 50% par l’Etat israélien, est l’un des plus gros groupes d’exportation de produits agricoles dans le monde.
Mais ce groupe est aussi le principal canal d’exportation en Europe de fruits, de légumes et de fleurs produits dans les colonies israéliennes installées illégalement dans les Territoires palestiniens occupés.
Ces produits palestiniens sont vendus comme étant « made in Israël », et ceci illégalement et en violation flagrante de l’Accord d’association Union européenne-Israël, en particulier en contravention totale avec les articles 2, 76 et 79 de cet accord.
On se rappellera que le Parlement français n’a ratifié cet accord qu’en 1999, c’est-à-dire longtemps après sa conclusion en raison de la situation sur place et non sans s’être assuré auprès des autorités gouvernementales de leur volonté de faire appliquer strictement ces articles en particulier.
Or l’entreprise Agrexco est l’un des instruments essentiels de la colonisation agricole, en particulier dans la Vallée du Jourdain où 95% des terres et 98% de l’eau ont été confisqués au profit de 7.000 colons israéliens.
Au vol des terres et de l’eau s’ajoutent les destructions de cultures, de maisons et le nettoyage ethnique qui a fait passer la population palestinienne de 300.000 personnes en 1967 à moins de 55.000 actuellement.
Le Président de la région Languedoc-Roussillon promet 200 emplois avec cette implantation et il s’engage sur des investissements publics importants (200 millions d’euros) pour créer les infrastructures nécessaires à son installation dans le port de Sète.
Si ce projet aboutissait, le Conseil régional subventionnerait de fait la colonisation israélienne qui interdit la création de quelque Etat palestinien que ce soit et offrirait généreusement à cette entreprise une plateforme d’entrée en Europe pour écouler – en toute illégalité – 70% des produits provenant des colonies israéliennes.
Il se rendrait coupable des violations du droit international et du droit humanitaire.
C’est d’ailleurs ce que vient de déclarer le Chargé d’affaires de la Commission européenne à Jérusalem, Roy Dickinson, qui a rappelé que « Bruxelles considérait l’implantation de colonies juives en territoire occupé comme illégale ». Cette politique « sape gravement les progrès en vue d’une solution à deux Etats » et étrangle l’économie palestinienne, a-t-il affirmé.
Les colonies israéliennes « réduisent ainsi les revenus de l’Autorité palestinienne et la rendent dépendante aux distributions des donateurs », souligne le diplomate. « Et ce sont les contribuables européens qui paient la plus grande partie du prix de cette dépendance. »
Devant la situation qui prévaut en Languedoc-Roussillon et l’absence de réaction officielle, une large coalition d’associations s’est constituée contre la venue d’Agrexco, non pas pour refuser des créations d’emplois sur le port de Sète, bien évidemment, mais pour exiger que ces emplois se créent dans le respect du doit et de l’éthique.
Pour sa part, l’Association France Palestine Solidarité du Languedoc-Roussillon, a interpellé le Président de région lequel a estimé ne pas devoir fournir de réponse ! Ni plus ni moins…
Cette situation qui voit une initiative prise à l’encontre et en violation du droit international, qui est supérieur au droit national et qui concerne les Etats, les collectivités mais aussi les individus et les entreprises, n’est pas acceptable.
Les institutions françaises et européennes, les élus du peuple – la représentation nationale en particulier – se doivent de respecter et de faire respecter leurs propres décisions sous peine de se nier eux-mêmes et permettre que des délits soient perpétrés de manière flagrante.
Agrexco, pour les raisons indiquées, ne doit pas s’installer à Sète, ni ailleurs.
Dans ces conditions qui sortent de l’ordinaire l’Association France Palestine Solidarité (AFPS) vous demande instamment de prendre les mesures qui s’imposent auprès des autorités responsables pour que le Président de la région Languedoc-Roussillon se conforme au droit.
Elle souhaite que mesures politiques soient prises afin que soit interdite l’implantation de cette entreprise israélienne qui, encore une fois, vit de l’occupation et de la colonisation des Territoires palestiniens et qui contrevient totalement et formellement au droit international ainsi qu’aux termes de l’Accord d’association UE – Israël.
Dans l’attente de votre action appropriée pour que le droit l’emporte surtout autre considérant,
Je vous prie de croire, Monsieur le Président, en l’expression de nos sentiments distingués.
Jean-Claude Lefort,
Président de l’AFPS