Monsieur le Ministre,
Vous venez de faire savoir que « La France condamne la décision des autorités israéliennes de confisquer 400 hectares de terres situées dans le gouvernorat de Bethléem au bénéfice de la colonie voisine de Gvaot et elle appelle ces autorités à revenir sur leur décision ».
Cette décision israélienne, qui a été présentée comme « une riposte à l’enlèvement et à l’assassinat des trois adolescents juifs » en juin dernier, mais qui est surtout la plus grosse confiscation de terre palestinienne depuis 1980, intervient moins d’une semaine après l’annonce du cessez-le-feu à Gaza. Dans le même temps, Benjamin Netanyahou vient de faire savoir qu’il n’enverra pas de négociateurs au Caire, contrairement aux engagements qui avaient été pris pour l’instauration du cessez-le-feu « illimité ».
Ces annonces indiquent très précisément l’état d’esprit du gouvernement israélien : poursuivre la colonisation sans relâche et attendre pour Gaza que l’émotion retombe sans rien céder sur le blocus.
Monsieur le Ministre vous avez indiqué récemment que la paix devrait être « imposée par la communauté internationale ». La France, membre permanent du Conseil de Sécurité, peut y contribuer alors que le blocage actuel met en lumière plus clairement que jamais le refus de la partie israélienne de s’engager pour une solution politique.
Il est temps pour la France de tirer les conséquences politiques de la position israélienne, qui vise à éliminer la solution à deux Etats, en reconnaissant pleinement l’Etat de Palestine. Vous l’avez évoqué lors de la conférence des Ambassadeurs, mais désormais le temps presse.
Il est temps aussi de changer de méthode dans les relations avec l’Etat d’Israël, pour l’amener au respect des décisions de la communauté internationale et plus largement du droit international, qu’il bafoue ouvertement en permanence. Dans le prolongement des annonces faites par certains de nos partenaires européens, la France doit cesser sans délai toute coopération militaire avec Israël. Elle doit interdire l’entrée sur le marché français des produits des colonies, comme elle vient de le faire pour les produits laitiers et les volailles.
Elle doit enfin prendre une position publique au niveau de l’UE pour la suspension de l’accord d’association UE-Israël en vertu de son article 2 concernant le respect des droits de l’homme.
Il est temps de mettre un coup d’arrêt à ceux qui aujourd’hui montrent chaque jour qu’ils ne veulent ni de paix, ni de respect du droit, au cœur d’une région plus déstabilisée que jamais.
Conscient que la gravité de la situation ne vous échappe pas, je vous saurai gré, Monsieur le Ministre, de nous faire connaître les mesures que vous comptez mettre en œuvre et vous prie de croire en ma profonde considération.
Taoufiq TAHANI
Président de l’AFPS