Paris, le 23/11/2010
M. Bertrand Delanoë
Maire de Paris
Hôtel de Ville de Paris
75196 Paris Cedex 04
Monsieur le Maire,
La « Ligue de défense juive » (LDJ) vient de se livrer à nouveau, ce dimanche, à des actes de pure violence contre le Musée d’art moderne de la Ville de Paris qui accueille une exposition du grand photographe Kai Wiedenhöfer.
Cette exposition résulte d’un séjour et d’un travail de trois mois, sur place, du célèbre photographe après les tragiques événements de Gaza. Elle donne à voir des aspects effroyables – aussi bien humains que matériels – de l’offensive israélienne qui s’est abattue contre les populations de cette bande de terre palestinienne durant l’hiver 2008/2009.
Ce reportage, a été récompensé par de nombreux Prix internationaux. Ces distinctions n’ont pas empêché le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) de manifester, le 15 novembre dernier, son « indignation » contre ce qu’il qualifiait d’« acte de militantisme politique que ne devrait pas accepter le Musée d’art moderne de Paris, qui est sous la responsabilité de la ville de Paris ».
Coïncidence ? Six jours après cette attaque contre la liberté de création et d’expression, une bande de voyous se réclamant de la LDJ, encagoulés pour certains, a voulu détruire cette exposition, au risque d’endommager les œuvres de Picasso et de Matisse accrochées à proximité.
Les vigiles du Palais de Tokyo ont fort heureusement réussi à s’interposer, mais le musée a été fermé et l’accès à l’exposition également. Ce n’est pas acceptable.
J’ai demandé au Ministre de l’Intérieur de prendre, s’agissant de ce groupe dont l’équivalent est interdit aux Etats-Unis et … en Israël, et qui est coutumier de ces actions violentes, la conclusion qui s’impose : une mesure de dissolution.
Nous tenons l’attitude du CRIF comme étant malheureusement révélatrice de la dérive sérieuse et amplifiée de cette organisation qui s’en prend aujourd’hui ouvertement aux libertés de création et d’expression, cautionnant ainsi des pratiques qui portent atteinte au cœur même du judaïsme qu’elle prétend représenter.
Nous voulons croire que, comme Maire de Paris, vous refuserez ces tentatives d’occulter des faits mis au jour par le rapport Goldstone et que vous prendrez toutes les mesures nécessaires pour que l’exposition puisse se dérouler sans incident jusqu’à son terme.
dans l’attente,
Je vous prie de croire, Monsieur le Maire, en l’expression de mes sentiments distingués.
Jean-Claude Lefort
Député honoraire
Président de l’AFPS