Le rabbin Yossef a souhaité vendredi passé, à l’occasion de ses leçons de judaïsmes à ses fidèles, que tous les Palestiniens « disparaissent de notre monde »
La tension politique monte, à trois jours de la reprise des négociations de paix directes entre Israël et Palestiniens. A l’occasion du traditionnel Conseil des ministres du dimanche, le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a certes déclaré « vouloir discuter avec sérieux et aboutir à la paix pour le bien des générations futures ». Le président palestinien Mahmoud Abbas a de son côté affirmé « vouloir utiliser la moindre chance de mettre fin à ce conflit ».
Mais ces propos ne masquent pas le scepticisme généralisé qui entoure la reprise annoncée du processus de paix. Vendredi soir, à l’occasion des leçons de judaïsme qu’il dispense à ses fidèles, le très influent rabbin Ovadia Yossef a souhaité que le président de l’Autorité palestinienne (AP) et tous les Palestiniens « disparaissent de notre monde ».
Eviter la crise politique
Cette petite phrase fait d’autant plus de bruit qu’Ovadia Yossef est le leader spirituel du Shas (le parti religieux ultraorthodoxe qui constitue l’un des trois piliers du gouvernement israélien) et que ses propos sont considérés comme parole d’évangile par la plupart des familles traditionalistes de l’Etat hébreu, majoritairement originaires d’Afrique du nord et du bassin méditerranéen.
Afin d’éviter une crise politique à quelques heures de son départ pour Washington, Benyamin Netanyahou et ses proches ont refusé de commenter la diatribe du rabbin. Quant au porte-parole du Shas, il a affirmé que son chef spirituel « a été mal compris parce qu’il s’exprime toujours par métaphores et dans le langage de la Bible, qui est fort différent de celui d’aujourd’hui ».
Pourtant, à Ramallah, l’attaque d’Ovadia Yossef est prise au pied de la lettre. Si l’AP se contente de la considérer comme « une provocation raciste », plusieurs personnalités réagissent de manière nettement plus virulente.
« Par son discours, ce rabbin démontre que l’AP n’aboutira à rien en reprenant les négociations avec Israël dans les conditions actuelles », a déclaré Hussein Al Sheik, l’un des personnages centraux du Fatah (le parti d’Abbas) qui fut également le codirigeant de la deuxième Intifada. Et de poursuivre : « Les déclarations d’Ovadia Yossef comme celles du ministre israélien des Affaires étrangères Avigdor Lieberman (ndlr : pour lequel le sommet prévu à Washington le 2 septembre est un « événement festif » sans réelle importance) révèlent l’état d’esprit des responsables israéliens actuels ».
En 2001, après avoir qualifié les Palestiniens de « serpents » et appelé à ce que l’armée israélienne « écrase leur tête », qui était à l’époque Yasser Arafat, Ovadia Yossef avait déjà estimé que « les Palestiniens sont l’incarnation du diable ». « Il faut les anéantir en bombardant leurs villes avec des missiles », avait-il alors dit. Plus tard, il a également estimé que les victimes du tsunami « méritent leur sort » parce qu’elles « ne suivaient pas les préceptes de la Torah ».
Selon les chroniqueurs politiques de la presse israélienne, les propos tenus vendredi par Ovadia Yossef signifient que le Shas ne s’impliquera pas dans le processus de paix. Et qu’il mettra probablement tout en œuvre pour le saboter afin de garder le soutien du public dévot, défavorisé et profondément anti-arabe qui constitue le gros de son électorat.