Des affrontements ont éclaté à Jérusalem le 29 mai, alors que près de 70 000 Israéliens d’extrême droite ont participé à la marche controversée des drapeaux à travers Jérusalem-Est, sous la protection de plus de 3 000 policiers israéliens. Les factions palestiniennes avaient mis en garde contre cette manifestation la semaine dernière, le Hamas menaçant de répondre par "tous les moyens".
Aux premières heures du dimanche matin, la police israélienne est entrée dans la mosquée Al-Aqsa, encerclant des dizaines de fidèles et en enfermant plusieurs à l’intérieur, alors qu’elle fermait les portes de la mosquée avec des chaînes de fer en prévision de la marche des colons qui a commencé à 7 heures.
La marche des drapeaux, qui a atteint son point culminant lorsque les manifestants sont arrivés sur la place Bab al-Amoud et dans le quartier musulman de la vieille ville, a été précédée par des Israéliens d’extrême droite qui ont fait irruption dans Al-Aqsa, menés par Itmar Ben-Gvir, membre de la Knesset.
Quelque 1 800 Israéliens ont réussi à pénétrer dans la mosquée à deux reprises au cours de la journée.
Pour la première fois depuis l’occupation de la mosquée Al-Aqsa en 1967, ces marcheurs ont hissé le drapeau israélien dans sa cour, exécutant des danses collectives provocantes, des prières talmudiques ou ce qu’ils appellent la "prosternation épique". Ils ont été accueillis par des chants et des appels à "Allahu Akbar" par les Murabitun (volontaires palestiniens qui protègent la mosquée et résistent continuellement aux incursions).
La police israélienne a réprimé les Palestiniens pour sécuriser la marche, lançant une série d’arrestations aux portes extérieures d’Al-Aqsa, notamment la Porte de la Chaîne. Elle s’est également attaquée aux Murabitun, les ambulanciers, et a mis en place des postes de contrôle militaires à l’intérieur de la vieille ville et le long des routes menant à Al-Aqsa.
À propos des participants à la marche des drapeaux, Ikrima Sabri, prédicateur d’Al-Aqsa, a déclaré à Al-Monitor : "Ce qu’ils ont fait le 29 mai ne s’est jamais produit depuis l’occupation de la mosquée en 1967."
"Ils se sont prosternés dans les cours d’Al-Aqsa. Ils ont chanté, dansé et brandi le drapeau israélien, en maudissant le prophète et les Arabes, tout cela sous la protection de la police israélienne, ce qui indique la volonté du gouvernement israélien d’envenimer les choses et sa conformité aux tendances et à l’approche des colons", a-t-il déclaré.
Sabri a ajouté que "malgré ce qui s’est passé, Israël n’a pas réussi à imposer sa souveraineté sur Al-Aqsa et Jérusalem. Malgré le déploiement de milliers de policiers et l’état d’alerte dans la ville, il n’a pas réussi à effrayer les habitants de Jérusalem qui ont défendu leur mosquée et leur ville et ont réussi à hisser le drapeau palestinien partout."
La police israélienne a réprimé les Jérusalémites sous couvert politique au regard des instructions du Premier ministre israélien Naftali Bennett de traiter fermement et avec force toute personne s’opposant à la marche.
La police avait évacué le quartier de Bab al-Amoud et fermé les magasins de la vieille ville.
Malgré toutes les mesures de sécurité, les Palestiniens ont défié la police, ont tenu tête aux participants à la marche des drapeaux et ont réussi à hisser le drapeau palestinien près de Bab al-Amud, ce qui a incité la police israélienne à les attaquer et à les arrêter.
Les Palestiniens ont également réussi à faire voler un drone portant un drapeau palestinien au-dessus de la marche.
Ils ont également lancé une contre-marche qui a débuté dans la rue Salah al-Din, dans le centre de Jérusalem-Est, et qui a été accueillie par des balles en caoutchouc, des gaz lacrymogènes et des bombes sonores. Des dizaines de participants ont été arrêtés et d’autres ont été frappés à coups de matraque.
Des manifestants israéliens ont attaqué des magasins et des affrontements ont éclaté à différents endroits de Jérusalem.
Les tensions ont été vives dans la ville et se sont intensifiées pendant le mois sacré du Ramadan en avril, avec l’assaut de la mosquée Al-Aqsa par les Israéliens d’extrême droite et la police et la répression des fidèles.
La situation s’est enflammée après le meurtre de la journaliste palestinienne Shireen Abu Akleh et les attaques contre les personnes en deuil lors du cortège funèbre auquel des centaines de Palestiniens ont participé.
De violents affrontements ont également éclaté lors des funérailles de Walid al-Sharif.
Selon le Croissant-Rouge palestinien, 62 personnes ont été blessées dans les environs et à l’intérieur de la vieille ville. 28 personnes ont été transférées à l’hôpital pour y être soignées et les autres ont été soignées sur place. Le Croissant-Rouge palestinien a précisé que l’une des blessures était due à des tirs à balles réelles.
Selon le Club des prisonniers palestiniens, au moins 50 civils ont été arrêtés, dont des femmes et des enfants, à Jérusalem et dans les zones proches de Bab al-Amoud, dans les quartiers de la vieille ville et dans la mosquée Al-Aqsa.
Pendant ce temps, les forces israéliennes ont rapporté que 13 colons ont été blessés, dont deux policiers, à la suite des affrontements.
À la fin de la marche des drapeaux, les participants ont lancé plusieurs attaques contre des quartiers de la ville, faisant irruption dans des maisons palestiniennes du quartier de Sheikh Jarrah, dans le centre de Jérusalem-Est occupée, lançant des pierres sur les maisons et brisant les vitres des voitures garées.
Des affrontements similaires ont également éclaté dans les quartiers de Silwan, al-Tur et al-Isawiya.
Dans le même temps, d’autres villes et villages de Cisjordanie ont été le théâtre d’affrontements et de combats, au cours desquels 163 Palestiniens ont été blessés, 20 par des balles réelles et les autres par des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc.
Selon les médias locaux, des affrontements ont éclaté à 190 endroits entre les forces israéliennes et les Palestiniens en 24 heures dans différents sites de Cisjordanie, avec 12 attaques par balles et 35 engins explosifs visant des sites militaires israéliens, des checkpoints, des véhicules et des bus.
Les manifestations et les marches ont balayé 33 zones, tandis que des affrontements ont éclaté au cours desquels certains Palestiniens ont jeté des pierres sur les forces d’occupation israéliennes dans 94 sites en Cisjordanie.
Bien que les affrontements à Jérusalem se soient étendus à la Cisjordanie, la bande de Gaza est restée étonnamment calme sans aucune réponse des factions palestiniennes.
Une situation qui pourrait changer à la lumière du chef du bureau politique du Hamas, Ismail Haniyeh, qui a été cité le 30 mai par son conseiller Taher al-Nunu comme ayant déclaré que ce qui se passe à Jérusalem "ne sera pas pardonné".
Il a ajouté que Haniyeh "a refusé de donner des gages ou des garanties à toute partie sur ce qui pourrait être fait à l’intérieur de la Palestine occupée."
Pendant ce temps, certaines des factions militaires de Gaza ont déclaré que la bataille avec Israël est ouverte et que "la résistance décidera de la manière de répondre aux forces d’occupation."
Traduction : AFPS