Ils sont venus de Syrie, de Jordanie, du Liban, de Cisjordanie (ceux de Gaza n’ont pas pu faire le déplacement), pour témoigner de l’exil, de cette « injustice historique » qui les prive de leur terre de puis soixante ans. Les 28 et 29 mars, s’est tenue, à Saint-Denis, la 2e Conférence internationale sur le droit au retour des réfugiés palestiniens, organisée par l’Association pour les jumelages entre les camps de réfugiés palestiniens et les villes françaises (AJPF). Près de 60 représentants réfugiés palestiniens y participaient, mais aussi des responsables associatifs français et des personnalités politiques palestiniennes, françaises et européennes, venus exprimer leur solidarité et discuter des actions politiques à mener pour que le droit au retour soit enfin appliqué. Un véritable événement.
intimidations et discriminations
Tous ont rappelé que la question des réfugiés est au coeur de la résolution du conflit israélo-palestinien. « L’histoire de la cause palestinienne est indissociable de celle de ses réfugiés », a souligné Hind Khoury, déléguée générale de Palestine en France, après que Patrick Braouezec, député de Seine-Saint-Denis, eut salué les délégués et répété son engagement pour la création d’un État palestinien auprès de celui d’Israël.
En Cisjordanie, au Liban ou en Syrie, tous les réfugiés partagent la souffrance de l’exil et la lutte pour le retour. Khadir Dibs vient du camp de Shoufat, jumelé avec Limay (Yvelines). « Nous sommes confrontés à toute une série de mesures de discrimination et d’intimidation de la part d’Israël, car notre camp est le seul qui se trouve au coeur de Jerusalem Est », explique-t-il. Hausse des impôts, non-renouvellement des cartes d’identité, discrimination à l’emploi, construction du mur : tout est mis en oeuvre pour la judaïsation de Jérusalem voulue par Israël. Milad Salameh habite, lui, le camp de Nahr El-Bared, au nord du Liban, jumelé avec la ville de Mitry-Mory. Et lieu d’affrontements très durs entre, d’une part, une faction islamiste palestinienne, d’autre part l’OLP et l’armée libanaise. Depuis, 13 000 personnes y campent dans des abris de fortune, les autres ont été accueillies dans d’autres camps. « Le lieu était, avant 2007, une place commerciale. L’embargo, imposé depuis, y a créé une situation de grande détresse et de pauvreté. Nous nous battons pour que le camp soit reconstruit, car il est notre identité », explique Milad. Raja Deeb, responsable de l’association Aidoun (« Nous reviendrons »), vit, lui, à Damas en Syrie, avec 450 000 réfugiés palestiniens. Là, les conditions de vie sont assez semblables à celles de la population syrienne. « Notre problème est politique, souligne Raja Deeb. Il est lié à l’exil et à l’occupation de nos terres. Toutes nos activités politiques sont tournées vers la question du droit au retour. »
Non respect de la résolution de l’onu
« Notre cause est d’une grande simplicité, a rappelé Ahmed Muhaisen, coprésident palestinien, avec Fernand Tuil, de l’AJPF. Le droit au retour doit s’appliquer à tous les réfugiés palestiniens sans exception. » Et ce, en application de la résolution 194 de l’ONU, qu’Israël a signée mais toujours refusée de respecter, et qu’il continue d’évacuer des discussions de paix, dans un silence complice de la communauté internationale, États-Unis et UE en tête. Jean-Jacques Paris, secrétaire général de l’ANECR, a annoncé l’envoi d’une délégation de 103 élus français et représentants associatifs en avril en Cisjordanie. Patrick Le Hyaric, directeur de l’Humanité, qui dirige la liste du Front de gauche en Île-de-France aux prochaines européennes, est venu souligner la responsabilité de l’Europe, a dénoncé le rehaussement des relations entre l’UE et Israël, et a rappelé le combat légitime pour la libération du jeune Franco-Palestinien, Salah Hamouri, ainsi que celle de Marwan Barghouti. À l’issue de la conférence, il a été décidé de lancer des jumelages croisés en partenariat avec des villes d’Europe.