Si l’élection de Barack Obama ravive auprès des opinions arabes, après les deux mandats d’un George Bush particulièrement décrié, la fascination pour la démocratie américaine, qui garantit l’accession à la Maison Blanche d’un jeune candidat noir en partie d’origine musulmane, cette élection plonge les dirigeants arabes, qui appréhendent l’inconnu, dans la perplexité, en particulier les monarchies pétrolières du Golfe. Le candidat républicain, John McCain, avait ceci de rassurant qu’il représentait à leurs yeux une certaine continuité de la politique régionale de l’administration américaine à laquelle, après une période de tensions, ils avaient fini par s’adapter, tout en déplorant ce qu’ils considéraient comme ses lacunes et ses insuffisances.
Selon le Financial Times du 5 novembre, l’administration américaine sortante pourrait profiter des dernières semaines qui lui restent pour ouvrir une section d’intérêts en Iran. Les Etats-Unis ne disposent plus d’ambassade à Téhéran depuis la crise des otages qui avait suivi la Révolution islamique de 1979. Le quotidien britannique The Guardian avait évoqué l’ouverture de cette section en juillet, alors que, dans le même temps, un haut responsable du département d’Etat, William Burns, rencontrait, à Genève, le négociateur iranien chargé du dossier nucléaire, Saïd Jalili. La presse israélienne évoque également avec insistance cette volonté prêtée au président sortant, George Bush. La question de cette ouverture, qui signifierait un renoncement durable à une éventuelle option militaire contre le régime iranien, devrait figurer au menu de la rencontre prévue, à la fin du mois, entre le président américain et le premier ministre israélien, Ehoud Olmert.
Pour eux, les intentions du nouveau président concernant la situation en Irak, le programme nucléaire iranien ou encore le conflit israélo-arabe sont pour le moins floues. Ces dirigeants tiennent certes l’administration sortante pour responsable du "chaos" qui prévaut en Irak. Ils n’en sont pas moins convaincus de la nécessité absolue d’une présence militaire américaine relativement durable dans ce pays, pour en assurer la stabilité et empêcher qu’il ne vole en éclats ou ne tombe dans l’orbite de son puissant voisin iranien. D’où leur inquiétude quant au projet du président élu américain de retirer le plus rapidement possible les forces américaines de ce pays.
Leur hostilité et leurs craintes quant à l’acquisition éventuelle par l’Iran de l’arme nucléaire n’ont d’égal que leur refus d’une intervention militaire contre ce pays pour y parvenir. A maintes reprises, ils l’ont signifié au président George Bush et à ses collaborateurs, en prônant une solution par la voie diplomatique. Ils craignent néanmoins que la diplomatie vire au laxisme, en filigrane de la volonté prêtée à M. Obama d’engager un "dialogue inconditionnel" avec Téhéran. Cette inquiétude est partagée par les autorités israéliennes.
Incertitudes renforcées
Les incertitudes à propos du conflit israélo-palestinien sont enfin renforcées par les prochaines élections anticipées israéliennes. Il faudra attendre le 10 février 2009, puis la formation d’un nouveau gouvernement, pour que Barack Obama puisse traiter avec de nouveaux dirigeants israéliens. De plus, le mandat de Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne et chef du Fatah, vient théoriquement à échéance le 9 janvier et, même s’il a l’intention de le prolonger d’un an, sa légitimité sera contestée par les islamistes du Hamas qui ont pris le pouvoir dans la bande de Gaza.
D’ici là, les frères ennemis palestiniens vont engager, à partir du 10 novembre, au Caire, un dialogue qui pourrait durer plusieurs semaines [1]. Si un accord est finalement conclu et s’il débouche sur un gouvernement d’union nationale, la donne sera changée. Reste à savoir si, dans le même temps, le cessez-le-feu en vigueur depuis le 19 juin entre le Hamas et l’armée israélienne à Gaza perdurera. (...)