Les armes ont recommencé à parler hier dans la bande de Gaza et fait au moins cinq morts, l’armée israélienne ayant repris ses frappes en représailles à des tirs de roquettes.
Après trois jours de trêve, la bande de Gaza est redevenue base de lancement de roquettes palestiniennes et cible de frappes israéliennes, un mois précisément après le début d’hostilités qui ont fait plus de 1 950 morts, en très grande majorité des civils palestiniens. Les combattants palestiniens ont lancé au moins 35 roquettes sur Israël, a rapporté l’armée israélienne. Certaines ont été interceptées, mais l’une d’elles a fait deux blessés légers, un civil et un soldat.
Après un silence de plus de deux heures, Israël a riposté menant ainsi 35 raids aériens, selon un chiffre fourni par l’armée. L’un d’eux a coûté la vie à un enfant de 10 ans et blessé au moins six autres personnes dans le nord de la ville de Gaza, selon les secours locaux. Dans le sud de l’enclave, un raid a fait trois morts et six blessés près de Khan Younès et un jeune homme a été tué près de Rafah. En fin d’après-midi, la bataille semblait se limiter à ces échanges de projectiles sans avoir recouvré l’intensité des jours précédant le cessez-le-feu, mais sans permettre de préjuger de son évolution.
En charrette ou à pied
L’armée israélienne, qui a retiré mardi matin ses troupes de la bande de Gaza après avoir annoncé la destruction des tunnels du Hamas, a assuré limiter pour l’instant son action à des frappes. « Il n’y a pas de raisons justifiant immédiatement une opération au sol parce que le Hamas lance des roquettes », explique l’analyste militaire israélien Miri Eisin à l’AFP. Mais si les affrontements s’intensifiaient, Israël pourrait changer de stratégie et renvoyer des troupes au sol, dit-elle.
« Israël ne voulait pas rentrer, progresser en profondeur et occuper Gaza », note Yoram Schweitzer, ancien chef du contre-terrorisme dans les forces israéliennes. Mais si le conflit s’enlise et que les parties n’arrivent pas à un « accord acceptable », Israël pourrait « changer de politique et lancer une plus vaste opération dans Gaza », prévient-il.
Pour autant, une demi-heure seulement après l’expiration du cessez-le-feu, à Beit Hanoun par exemple, des colonnes de Gazaouis en voiture, en charrette ou à pied, les bras encombrés de sacs de nourriture ou de linge, ont repris le chemin des refuges par peur des frappes.
Côté israélien, l’armée a réinstauré les dispositions de défense passive qu’elle avait levées à la faveur du cessez-le-feu. Les rassemblements de plus de 500 civils dans les villes à moins de 40 kilomètres de la bande de Gaza sont à nouveau interdits et les activités sont interdites dans les jardins d’enfants dépourvus d’abris contre les bombes. Dans ce contexte, en Cisjordanie, un adolescent a trouvé la mort dans des heurts qui ont opposé des centaines de jeunes Palestiniens aux soldats israéliens à Hébron, selon un correspondant de l’AFP.
Le secrétaire général de l’Onu Ban Ki-moon s’est déclaré hier « profondément déçu » de cette rupture du cessez-le-feu à Gaza et a « condamné les nouveaux tirs de roquettes sur Israël ». La reprise des tirs de roquettes est « intolérable », a insisté pour sa part le porte-parole de l’armée, Peter Lerner. « Nous allons continuer à frapper le Hamas, son infrastructure, ses combattants, et à restaurer la sécurité de l’État d’Israël. »
Accord final ?
Malgré le spectre d’une nouvelle effusion de sang, Israéliens et Palestiniens ne parviennent à s’entendre sur la prolongation de la trêve lors de discussions indirectes au Caire. Et comme une interminable partie de ping-pong, les deux parties se rejettent la responsabilité de l’échec des négociations. « On n’a eu aucune réponse de la part des Israéliens à aucune des exigences palestiniennes », a regretté Sami Abu Zukhri, un porte-parole du Hamas à Gaza. « L’occupant est entièrement responsable de ce qui va se passer. » Mais selon un responsable israélien, Israël a dit au médiateur égyptien qu’il était « disposé à prolonger le cessez-le-feu de 72 heures, avant que le Hamas ne viole la trêve ».
La levée de ce blocus qui asphyxie Gaza depuis 2006 est une exigence primordiale des Palestiniens et une préoccupation capitale des Israéliens qui craignent l’entrée à Gaza d’hommes et de matériels pouvant lui nuire. « Pour le Hamas, il faut au minimum obtenir la levée du siège mais il est clair qu’il ne l’obtiendra pas. La question en fait est de savoir jusqu’à quel point il peut obtenir son allègement », affirme Nathan Thrall, expert au sein d’International Crisis Group.
Le flou régnant sur une poursuite ou non des discussions au Caire rendait aléatoire tout pronostic sur la suite des événements. « Israël ne négociera pas sous les bombes », a dit un responsable sous le couvert de l’anonymat. De l’autre côté, les déclarations des intermédiaires égyptiens et des Palestiniens donnaient à supposer que tout n’était pas complètement fini. « Nous restons assis ici pour parvenir à un accord final afin de restaurer les droits de notre peuple », a dit au Caire Azzam al-Ahmad, le chef de la délégation palestinienne. Preuve d’optimisme, les États-Unis ont dit espérer un cessez-le-feu « dans les prochaines heures ».