On l’a lu avec un peu de retard mais non sans intérêt : le numéro consacré par la revue Le mouvement social aux Engagements féminins au Moyen-Orient (XXème-XXIème siècles) vaut le détour (n°231, avril-juin) pour ce qu’il donne à voir de militantismes nouveaux et de figures croisées hors des sentiers battus du féminisme. De cet ouvrage coordonné par Leyla Dakhli et Stéphanie Latte Abdallah, on a retenu plus particulièrement trois articles consacrés à la zone géographie pour laquelle ce blog s’est pris d’une froide passion. Le premier renvoit à l’émergence et l’affirmation des luttes féministes dans les communautés juives orthodoxes en Israël (”Entre silence et fracas”), le deuxième aux relations entre les mouvements associatifs féminins et les partis arabes palestiniens en Israël (”Compléments ou alternatives”) et le troisième aux prisonnières palestiniennes en Israël.
On sait que les prisons israéliennes ont constituées longtemps des laboratoires du nationalisme palestinien. La prison, en ce sens, était productrice d’engagement et de certitudes. Ce ne serait plus le cas aujourd’hui (avec des effectifs féminins réduits comme le montre ces chiffres qui remontent à 2007 ) du fait de la cassure inter-palestinienne et d’une politique carcérale de fragmentation israélienne.
Une note de bas de page aiguise la curiosité. Elle renvoie à l’analyse d’une sociologue palestinienne réputée, Islah Jad, selon laquelle “l’ONGisation des mouvements féminins [palestiniens] a participé de leur dépolitisation”. Selon cette analyse, le “peace business”, la perfusion d’un tissu associatif parfois créé hors-sol par une véritable pluie de financements internationaux, serait un “dommage collatéral” du processus de paix lancé en 1993 en ce qu’il aurait destructuré un mouvement national palestinien autrefois vivace et pluraliste mais aujourd’hui figé (une analyse que l’on retrouve dans cette note précédente .)