Drôle d’équation où l’addition du Hamas et du Fatah donne la soustraction d’Israël. La réaction des autorités israéliennes à la rencontre entre le chef de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, patron du Fatah, et une délégation du Mouvement de la résistance islamique à Ramallah, a été sans appel. M. Abbas doit choisir “entre la paix avec Israël et la paix avec le Hamas”. Encore plus expéditif, le premier ministre Benyamin Nétanyahou avait posé cette semaine une autre équation à la veille d’une visite à Moscou : Hamas égale Al-Qaïda.
La question se pose-t-elle véritablement. Il y a encore trois mois, la rencontre de Ramallah aurait suscité tout au plus une impression de déjà-vu tant le fossé est profond entre les deux camps, divisés politiquement et géographiquement. Mais les choses ont changé :
– les Palestiniens sont désormais débarrassés de l’empressement égyptien incarné par l’éphémère vice-président Omar Souleiman à faire en sorte que rien ne sorte de dizaines de rencontres, pour que le Hamas reste enfermé et isolé à Gaza.
– la dernière tentative de négociations directes israélo-palestiniennes (que dénonce le Hamas) a échoué lamentablement et on voit mal comment elles pourraient reprendre (lire cette tribune d’un expert qui a beaucoup péché en la matière et qui affiche depuis quelques années la fougue et les certitudes d’un converti, Aaron Miller).
– surtout, un mouvement contestant cette partition politique semble prêt à prendre son essor à Gaza et à Ramallah, même si, qu’on ne s’y trompe pas, une bonne partie de ceux qui militent pour la réunification palestinienne, compte le faire sur les décombres de deux formations désormais peu populaires (comme le montre le sondage publié cette semaine), même si le Fatah limite les dégâts.
Une réunification palestinienne sous l’égide de M. Abbas (le scénario sur lequel planchent les deux camps depuis des années) renforcerait singulièrement un camp palestinien engagé dans un effort diplomatique de longue haleine [1] : obtenir une reconnaissance formelle par un maximum d’Etats aux Nations unies, à l’expiration du délai d’un an avancé par le président des Etats-Unis, Barack Obama, en septembre 2010.
Troublé par les révoltes en cours, Israël n’en apparaitrait que plus isolé. Pour plagier François Mauriac, Israël aime tellement la Palestine qu’il préfère qu’il y en ait deux.