Joyeuse réception à la villa Masséna de Nice, remise de médailles, hymnes nationaux et beaux discours : c’est en grande pompe qu’Éric Ciotti, président (UMP) du conseil général des Alpes-Maritimes, et Christian Estrosi, député maire (UMP) et ex-futur ministre républicain, ont exprimé leur « solidarité avec Israël » (sic) à l’occasion de la fête nationale de ce pays étranger, qui plus est, toujours en conflit armé. Les élus communistes locaux, tout en protestant contre ce parti pris, font remarquer que « lorsque fut évoquée la possibilité d’une aide humanitaire aux populations de Gaza touchées par l’agression israélienne, il leur fut opposé le principe de neutralité ».
Jeter de l’huile de politicien sur les braises du Proche-Orient, appuyer un camp qui vient de se doter de ministres racistes et bellicistes quitte à briser dans les esprits tout espoir de paix comme le font, a contrario du pape, Estrosi et Ciotti : la démarche et les projets du Festival TransMéditerranée (FTM) sont tout autres !
Créé voilà plus de vingt ans, à Grasse notamment, sous l’impulsion de Paul Euzière, relayé aujourd’hui par Latifa Madani, avec l’appui constant de la municipalité quelle que fut sa couleur politique, le FTM est cette association culturelle qui n’a eu de cesse de créer des passerelles entre les deux rives de Mare Nostrum. Elle a organisé de Marseille à Bastia et Nice des centaines de débats, notamment sur le conflit israélo-palestinien, durant lesquels des personnalités les plus diverses, à l’exception des fascistes de tout poil, ont porté des paroles de paix. Elle a monté expos et colloques pour faire connaître les cultures des peuples du bassin méditerranéen. Et depuis cinq ans maintenant elle est passée à la pratique sur le terrain en agissant notamment dans le domaine de l’enfance.
C’est ainsi que, concernant le peuple palestinien, le FTM, avec l’appui du conseil régional PACA, a participé à la création d’un réseau de crèches à Gaza ou à la formation d’éducatrices en Cisjordanie. Mais la plus formidable de ces actions de solidarité est celle qui, depuis 2002, permet à des enfants de Palestine de « faire le mur » en été pour quelques semaines de dépaysement dans un centre de vacances mis à disposition par le comité d’entreprise d’ERDF-GRDF. Saint-Barthélémy en Ardèche, Saint-Martin-Vésubie dans la petite Suisse niçoise ou Apt en Vaucluse : quelle que soit la destination finale c’est le FTM qui prend en charge les voyages et l’accueil de cette dizaine de gosses et de leur accompagnateur, lesquels partagent des vacances inoubliables avec des petits Français. Faudra-t-il parler bientôt de cela au passé ?
En tout cas les responsables du FTM s’inquiètent fortement de la baisse de leurs subventions publiques qui pourrait compromettre la venue prochaine de ces enfants, alors que plus que jamais, après la guerre de Gaza, ils ont besoin de respirer un autre air. Les bénévoles de l’association vont tout mettre en oeuvre pour trouver des fonds [1]. Mais ils comptent aussi sur une mobilisation citoyenne [2] afin que l’été n’oublie pas ces gosses de Palestine.