Depuis le 27 décembre, Israël affirme être en guerre contre le Hamas à Gaza. Néanmoins, près d’un tiers du millier de victimes sont des enfants. « Selon les chiffres qui nous sont communiqués par le ministère palestinien de la Santé, plus de 300 enfants ont trouvé la mort. Et ce chiffre devrait encore croître avec notamment le bombardement d’un hôpital aujourd’hui. Nous pensons que nous sommes plus près d’un bilan de 320 enfants tués », affirmait hier Sigrid Kaag, directrice du bureau de l’Unicef à Amman, interrogée par L’Orient-Le Jour. « 1 500 enfants seraient également blessés, modérément ou gravement », ajoutait-elle.
Ce bilan est particulièrement élevé en raison notamment de la nature du terrain à Gaza. « Gaza est une zone surpeuplée et le conflit s’est étendu à la banlieue de Gaza-ville, à Gaza-ville elle-même et aux camps de réfugiés », explique Mme Kaag. Les Palestiniens de Gaza n’ont en outre nulle part où se réfugier, ce territoire palestinien étant cerné. L’ampleur de ce bilan est également à attribuer au fait que « plus de 50 % de la population de Gaza sont des enfants », et « au manque de prise de conscience en ce qui concerne la protection des civils, et notamment des enfants, tous des victimes innocentes ». Et Mme Kaag de rappeler que « le droit humanitaire international doit être respecté par les deux parties ».
L’Unicef dispose encore d’un petit bureau à Gaza. Mais les employés de ce bureau, à l’instar de tous les Palestiniens de Gaza, vivent également des heures très difficiles. « La femme de l’un de nos collègues à Gaza est au neuvième mois de sa grossesse. Son mari est inquiet car il ne sait pas s’il pourra atteindre la clinique le moment venu. Un autre de nos collègues a perdu sa nièce. Elle était asthmatique et il n’y avait pas assez d’électricité pour faire fonctionner le ventilateur dont elle avait besoin », affirme Sigrid Kaag. L’Unicef, durant cette crise, a réussi à envoyer de l’aide à Gaza. « Le problème, c’est la distribution de cette aide dans Gaza. En raison du manque de sécurité, même pendant les quelques cessez-le-feu de trois heures, la distribution est très compliquée », souligne-t-elle.
Aujourd’hui, les besoins des enfants de Gaza sont énormes. « Avant tout, ils ont besoin d’un cessez-le-feu immédiat, ce qui nous permettrait d’évacuer les blessés et de fournir une première aide d’urgence », affirme Sigrid Kaag. « Les enfants ont besoin d’eau, de nourriture et de soins, c’est une question de survie », ajoute-t-elle, en précisant que déjà avant l’offensive, le taux d’enfants mal nourris à Gaza était particulièrement élevé. À plus long terme, mais de manière tout aussi importante, « les enfants auront besoin d’une aide d’ordre psychologique ». « Avant l’offensive, nous avions déjà des programmes en Cisjordanie et à Gaza pour encadrer les enfants atteints de désordre post-traumatiques », souligne la responsable de l’Unicef. « Aujourd’hui, nous travaillons à un élargissement de ces programmes avec des ONG partenaires. Certains enfants, notamment ceux qui ont perdu un père ou une mère, auront besoin de beaucoup plus de soutien et de suivi psychologique et social », ajoute-t-elle.
Étant donné l’ampleur des bombardements et du bilan des victimes, ces ONG parviendront-elles à gérer les besoins psychologiques des enfants de Gaza ? « Notre devoir est d’arriver à gérer cette situation », affirme Sigrid Kaag.